Buzyn bousculée par des sénateurs pour avoir refusé la coercition

16/11/2017 Par Catherine le Borgne
Politique de santé

Alors que le Sénat examine le projet de loi de financement de la sécurité sociale 2018, un incident de séance a marqué les débats lorsqu'Agnès Buzyn a réitéré son intention de maintenir la liberté d'installation, après que de nombreux sénateurs ont exigé des mesures plus musclées pour contrer les déserts médicaux.

  A elle seule, la commission de l'Aménagement du territoire présidée par Hervé Maurey  a drainé la signature de 100 sénateurs sur un amendement préconisant la mise en place expérimentale pour trois ans, d'un conventionnement sélectif, dans les zones où il est constaté un excédent d'offre de soins médicaux. Et d'autres amendements ont été déposés dans ce sens. Au résultat, la ministre de la Santé a eu bien du mal à se faire entendre dans un hémicycle surchauffé, et continuer à défendre son plan, basé sur la liberté d'installation.   Erreur philosophique   Agnès Buzyn s'est par ailleurs opposée à diverses propositions d'exonération supplémentaires de charges sociales et fiscales pour faciliter ... l'implantation dans certaines zones, ou encore de suppression de cotisations Carmf pour les médecins acceptant le cumul emploi retraite en zones sous-dense. Pour la ministre, "toute incitation financière va déshabiller d’autres territoires", a-t-elle souligné. Elle a appelé au contraire les sénateurs à ne pas tout "miser sur des installations. C’est une erreur philosophique. (…) La démographie médicale est telle que nous n’avons pas ces médecins. Jusqu’en 2025, nous avons une démographie médicale qui décline". Et elle a renvoyé les sénateurs à son " plan d’accès territorial aux soins" qui doit faire l’objet du débat à la fin de l’examen. Des propos qui sont très mal passés, relate Public Sénat. Car quelques minutes après, l’ambiance a radicalement changé. Et le ton a commencé à monter avec Catherine Conconne, la sénatrice de Martinique : "Comment la République peut continuer de supporter que dans une région comme le nord de la Martinique, qui compte 14 communes, il y ait 11 communes avec 0 médecin ? (…) Une personne doit parfois affronter 3 heures d’embouteillages" pour trouver un médecin, s’est-elle indignée.  Puis Jacques Genest, sénateur LR de l’Ardèche, a pris la parole à ton tour.   Suspension de séance   "Aujourd’hui, on va avoir 80 à 85 % du territoire qui ne sera plus couvert par les médecins, soit dans les territoires ruraux, que je connais bien, ou dans les territoires de banlieue. Je crois que... les gens qui souffrent de maladie et qui ne peuvent se faire soigner, leur problème n’est pas de savoir si on exonère ou pas les médecins. C’est de se faire soigner. Et je vous demanderai, Madame la ministre, une permission : votre très beau discours BCBG, je vais l’enregistrer et le passer à tous les gens qui souffrent et qui meurent, parce qu’ils n’ont pas de médecin…" Réaction immédiate du ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, qui a demandé une suspension de séance de 10 minutes et exigé des excuses de la part du sénateur sur l'attaque personnelle de la ministre.  "C’est totalement inconvenant. Je demande la suspension et je pense que je la demanderai plusieurs fois, tant que le sénateur ne se sera pas excusé" a insisté le jeune ministre. Le sénateur s'est exécuté, et la séance a repris dans le brouhaha et sur le même ton véhément. Alain Milon, président LR de la commission des affaires sociales du Sénat, a tenté de jouer les casques bleus : "S’il y a un manque de médecins installés, c’est probablement de la faute de ceux qui avaient la direction politique du pays ces dernières années, quels qu’ils soient. (…) Pour faire un médecin, c’est 10 à 12 ans". Au moment du vote, seul l’amendement Cardoux été adopté.   [Avec publicsenat.fr]

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Michel Lemariey-Barraud

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La vraie question est de savoir si on veut assurer correctement les usagers, ou asservir durablement les médecins. La CNAM, organi... Lire plus

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