Neurologue hospitalier lui-même, député, président de la commission des Affaires sociales et rapporteur du PLFSS 2019, Olivier Véran vient de déposer un amendement créant un "forfait de réorientation" pour les "petites urgences", qui serait reversé à l'hôpital lorsque les urgences organisent le jour même ou le lendemain, un rendez-vous en ville pour le patient, avec un médecin, une maison médicale de garde ou une consultation hospitalière spécialisée. "On peut donc considérer que l'on paye l'hôpital pour qu'il ne soigne pas lui-même le malade, mais pour qu'il coordonne son parcours de soins. Une rémunération qui pourrait aller de 20 à 60 euros par patient, sachant que ce dernier aura toujours le droit de refuser", a précisé le député sur France Info. Il estime pouvoir ainsi réorienter chaque année "6 millions de malades" dont la prise en charge ne nécessite pas d'aller aux urgences, rapporte Le Figaro.fr. La ministre de la Santé s'est montrée favorable à cette mesure, rendue d'autant plus nécessaire à ses yeux qu'un rapport sur l'accès aux soins, remis hier lundi, pointait le fait que 8,6 % des patients n'avaient pas de médecin traitant.
Mais les médecins généralistes sont dubitatifs devant une disposition qui risque de leur apporter une activité supplémentaire, sans moyens supplémentaires. Et c'est d'ailleurs le représentant de l'Amuf, Christophe Prudhomme, qui est venu, presque sans le vouloir, à leur secours en déclarant sur France Info que cette prime n'est pas réaliste. "Quand vous avez un médecin traitant qui vous dit qu'il est débordé et qu'il ne peut vous voir que dans 48 heures, ce n'est pas possible : l'urgence, c'est dans la journée". Dans Les Echos, le député (LR) de la Sarthe partisan de la contrainte à l'installation Jean-Carles Grelier, critique lui aussi la disposition en s'interrogeant sur les critères qui seront mis en place pour renvoyer un patient en ville. "On finira par retenir un seul critère, l'assurance", fait-il valoir. L'engorgement des urgences est un problème crucial. On estime que 23 millions de personnes y passent chaque année, un nombre qui croit annuellement de 2 à 3 %. Selon un rapport parlementaire, les personnes qui se retrouvent aux urgences sans besoin vital y sont arrivées faute d'une meilleure orientation et d'avoir pu joindre leur médecin traitant, rappelle Le Figaro.fr. Le quotidien en ligne rapporte également cet autre chiffre, tiré d'un rapport sur les urgences publié cet été : plus d'un quart de ces patients (28,4 %) relevaient de pathologies qui auraient pu être prises en charge en ville, sans nécessiter d'examens complémentaires. En revanche, dans sa dernière étude sur les délais d'attente avant un rendez-vous de plusieurs spécialités, la Drees avançait que lorsque les patients ne sont pas parvenus à obtenir un rendez-vous, 56 % d'entre eux s'adressent à un autre spécialiste, mais 32 % renoncent purement et simplement. Toujours selon la Drees, le report vers les urgences hospitalières ne concernerait que 3 % des demandes de soins qui n'auraient pas abouti. [Avec lefigaro.fr]
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