Tensions sur les médicaments : l’ANSM active son premier plan hivernal
Ce plan comprend notamment une veille saisonnière permettant d’identifier précocement des signaux de tensions, et une série de mesures à activer en cas de "tension globale identifiée".
Amoxicilline, corticoïdes, paracétamol… La saison hivernale 2022-2023 a été marqué par d’importantes tensions d’approvisionnement en médicaments. Et ce, dans un contexte de triple épidémie précoce de Covid-grippe-bronchiolite. En cause notamment : l’augmentation des consommations dans un contexte post-Covid, des difficultés de production, et la précocité et/ou l’intensité particulière des pathologies hivernales.
Afin d’éviter que la situation – génératrice de stress pour les patients comme les soignants – ne se reproduise, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) vient d’annoncer le déploiement d’un plan hivernal inédit, élaboré avec les associations de patients, les représentants des professionnels de santé et les acteurs de la chaîne d’approvisionnement.
Il a pour but d’"anticiper et limiter les tensions sur certains médicaments majeurs de l'hiver et ainsi sécuriser la couverture des besoins pour les patients". Feront l’objet d’une surveillance particulière : l’amoxicilline/amoxicilline-acide clavulanique, le paracétamol, le prednisone et prednisolone, et des corticoïdes et bronchodilatateurs administrés par voie inhalée, comme le fluticasone ou le salbutamol.
Il comporte par ailleurs trois phases, la première étant la phase d’anticipation en amont de l’activation du plan. S’appuyant sur le retour d’expérience de la triple épidémie de l’hiver dernier, cette phase consiste à anticiper les stocks et les approvisionnements par les industriels (des prévisions des stocks, d’approvisionnement et de ventes ont ainsi été demandées aux industriels exploitant les molécules marqueurs identifiées en vue d’établir des projections de couverture des besoins).
Durant cette phase, des mesures mobilisables au cours du plan sont élaborées, comme la mise en place de mesures permettant de prévenir le mésusage et de favoriser le bon usage des médicaments, ou encore d’arbres décisionnels et protocoles de soins alternatifs, à destination des prescripteurs. Un état des lieux des produits de santé en développement, en cours d’évaluation ou récemment autorisés utilisés dans les pathologies saisonnières et susceptibles d’être mis sur le marché pour la saison 2023-2024 est réalisé (exemple : Trod multiplex, anticorps monoclonaux contre le VRS).
Suivi des prescriptions
Le plan comprend ensuite deux niveaux d’activation : un premier de "veille saisonnière", qui correspond à un stade de surveillance avant identification de tensions ou ruptures d’approvisionnement. Trois types d’indicateurs permettant d’apprécier les difficultés ont été identifiés : les données épidémiologiques de Santé publique France (comme le nombre de consultations médicales ou d’hospitalisations pour certaines pathologies) ; les données de l’ANSM sur les approvisionnements (suivi des stocks et des approvisionnements des laboratoires, des grossistes-répartiteurs et des officines, suivi des ventes en pharmacie…) ; et les remontées de terrain.
Le passage en niveau 2 est activé sur décision collégiale ANSM / ministère de la Santé, en réunion de sécurité sanitaire, qui se tiennent chaque semaine, en présence des institutions et agences concernées. Ce niveau consiste à mettre en place des mesures en cas de "tension globale identifiée". "La mise en œuvre de mesures est graduée, en fonction de la situation et des produits concernés", précise l’ANSM : importations de médicaments initialement destinés à d'autres marchés, contingentements, ajustements du circuit de distribution, mobilisations de préparations magistrales, mais aussi suivi des prescriptions en lien avec la Cnam, dispensation de médicaments à l’unité, interdiction temporaire de la vente en ligne…
Enfin, une phase de retour d’expérience post-plan est prévue. Il permettra de faire le bilan de la saison, ainsi que des actions mises en œuvre et de l’efficacité de celui-ci pour assurer une amélioration continue, détaille l’ANSM.
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