Un "check-up fertilité" à 20 ans remboursé par la Sécu : comment Macron veut relancer la natalité en France
Dans un entretien accordé au magazine Elle, mercredi 8 mai, le Président de la République a déclaré vouloir "générer une natalité dynamique" et a présenté plusieurs mesures pour y parvenir. Au menu : un "checkup fertilité" à 20 ans remboursé par l'Assurance maladie et un accès amélioré à la PMA.
Il avait annoncé la création d'un vaste plan pour lutter contre l'infertilité le 16 janvier dernier, lors de sa grande conférence à l'Elysée. Le Président de la République en a présenté les contours ce mercredi, dans un entretien exclusif accordé au magazine Elle. "Un chiffre m'interpelle : le taux de fécondité est de 1,8 et le taux de désir d'enfant s'établit à 2,3", a-t-il déclaré d'emblée.
Estimant que "la force d'une nation réside aussi dans sa capacité à générer une natalité dynamique", Emmanuel Macron a précisé que son plan de lutte contre l'infertilité allait s'articuler autour de la "prévention", du "parcours" et de la "recherche". Ainsi, un "check-up fertilité" sera proposé à tous les Français, "autour de la vingtaine", et sera remboursé par l'Assurance maladie. Il permettra "d'établir un bilan complet, spectrogramme, (ou) réserve ovarienne".
Des campagnes "en faveur de l'autoconservation d'ovocytes pour les femmes qui veulent avoir des enfants plus tard" seront aussi organisées, a-t-il poursuivi.
Le Président a également dit vouloir améliorer l'accès à la procréation médicalement assistée (PMA). Actuellement les délais d'attente pour y accéder sont de 16 à 24 mois. "Les délais sont trop longs, a reconnu Emmanuel Macron. On a structurellement un problème d’offre médicale. On a encore des femmes qui se rendent à l’étranger. Sur près d’un million et demi de demandes de femmes éligibles, seules 200 000 y ont recours."
Pour y remédier, le chef de l'Etat a fait part de sa volonté d'"ouvrir aux centres privés l’autoconservation ovocytaire", "jusqu’ici réservée aux établissements hospitaliers". Les démarches seront également facilitées afin de "réduire les listes d’attente".
En revanche, le Président a renouvelé son opposition à la gestion pour autrui (GPA), qui n'est, selon lui, "pas compatible avec la dignité des femmes". "C'est une forme de marchandisation de leur corps", a-t-il soutenu. "Ceci dit, je pense évidemment que les parents d'enfants nés par GPA à l'étranger doivent être respectés et accompagnés. Ce sont des familles aimantes", a-t-il néanmoins ajouté.
Le chef de l'Etat a également confié une mission parlementaire sur le sujet de la ménopause à la députée et médecin Stéphanie Rist et à la Professeure Florence Trémollières, responsable du centre de ménopause au CHU de Toulouse. Objectif : dresser un état des lieux "de la prise en charge actuelle de la ménopause (traitements, accompagnement, ostéoporose, suivis cardio et psychologique) et des difficultés rencontrées par les femmes en termes d’information et de suivi".
Un bilan fertilité à 20 ans : "Cela n'a pas de sens sur le plan médical"
L'idée d'Emmanuel Macron de proposer à tous les Français autour de 20 ans un "check-up fertilité" remboursé par l'Assurance maladie n'a pas remporté un franc succès auprès des spécialistes. "Le proposer à 20 ans, c'est infondé selon moi, ça n'a aucun intérêt. Il y a un âge pour tout et à 20 ans on a vraiment autre chose à faire", a estimé auprès de l'AFP le Pr Samir Hamamah, chef de service de biologie de la reproduction du CHU de Montpellier, qui avait copiloté le rapport de 2022 sur les causes de l'infertilité. Dans le rapport, il préconisait la mise en place d'une consultation spécifique proposée "à chaque homme et à chaque femme de 29 ans par l'Assurance maladie", à l'âge "auquel ils sont autorisés à congeler leurs gamètes (ovocytes ou spermatozoïdes)". "Plus on fait cette consultation en amont (avant un projet de bébé, NDLR), plus c'est dangereux parce que les gens vont se dire : ça y est tout va bien, je ne fais rien, alors que l'âge est facteur important pour la fertilité", a-t-il alerté.
"On n'a jamais dit qu'il fallait des examens à 20 ans! Cela n'a pas de sens sur le plan médical", a confirmé la présidente du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), la Dre Joëlle Belaisch-Allart. "Un bilan de réserve ovarienne sur la population générale qui n'a pas encore eu d'enfants, ça n'a aucune valeur pronostique. Et je ne connais aucun professionnel qui fera un spermogramme à un jeune homme de 20 ans (qui n'a pas de projet d'enfant)... Il y a sûrement un malentendu dans cette proposition." La spécialiste s'est en revanche réjouie que l'on parle enfin d'infertilité. Il "faut en parler à tous les âges de la vie, au collège, au lycée, pour expliquer ce qui nuit à la fertilité (tabac, obésité, facteurs environnementaux...), qu'elle baisse avec l'âge, pour que ça ne tombe pas comme un couperet, à 30 ans ou 35 ans quand on veut un enfant".
[avec Elle et AFP]
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