"Ce sera open bar" : pour 93% des médecins, la capitation c'est "non"
"Faut-il remplacer le paiement à l'acte par un forfait par patient?" Pour 93% des 573 professionnels de santé lecteurs d'Egora (en majorité médecins) qui se sont exprimés sur le site depuis le 23 janvier, la réponse est "non".
Les libéraux redoutent en particulier de perdre leur indépendance, dont le paiement à l'acte est considéré comme l'un des piliers. "Le paiement à l'acte engage le praticien envers son patient en non envers un tiers (assureur en l'occurrence). C'est un garant de l'indépendance du praticien et la base de l'exercice libéral, rappelle ainsi David D. Je ne suis pas contre une part forfaitaire comme le forfait médecin traitant mais que ce mode de rémunération reste minoritaire..." "Je crains que ce soit surtout une occasion supplémentaire pour nous tordre le bras et contrôler davantage notre activité...", exprime Claire F., endocrinologue.
Les médecins craignent également d'être contraints à prendre davantage de patients, et de devenir en quelque sorte "otages" de ceux pour lesquels ils bénéficient de ce forfait de suivi annuel. "Avec l'esprit franchouillard du 'j'ai droit', ça sera open bar, certains viendront à tout bout de champ pour rien du tout, les certificats bidons, le nez qui gratte ou la piqûre de moustique....", anticipe Christiane K.
"Si c'est le choix définitif du Gouvernement, il faut aller jusqu'au bout du raisonnement : arrêter la médecine libérale et fonctionnariser tous les médecins. Car avec la capitation, il n'y a plus de rentabilité pour une entreprise libérale médicale", met en avant Bernard C. A l'image de nombreux confrères, ce médecin pointe les effets pervers de la capitation à l'anglaise : délais de rendez-vous qui s'allongent et avènement d'une "médecine à deux vitesses" : "ceux qui pourront se soigner correctement en payant les médecins qui auront refusé la pseudo-fonctionnarisation et ceux qui devront attendre 13 semaines avant de voir un médecin généraliste dans un centre de santé". "Tous les pays qui fonctionnent suivant ce principe (Suède, Italie, Espagne, Grande-Bretagne...) ont une médecine de 'merde', renchérit Jean-Pierre C., généraliste. Pourquoi voir les patients si l'on est déjà payé ?"
Ainsi, rares sont les lecteurs qui s'expriment en faveur de la capitation. C'est le cas de Jean-François G, également généraliste, qui plaide pour un système de "rémunération mixte basé sur le volume de la file active et une indemnisation des actes, cela éviterait la complexité de toutes les mini primes distribuées actuellement par la Sécu".
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