"Nous avons sans doute mal estimé le malaise d'une partie de la profession", a admis le directeur général de la Cnam dans une interview accordée aux Echos ce lundi. Une forme de mea culpa adressé aux médecins après l’échec des négociations conventionnelles. Le n°1 de la Cnam a ainsi annoncé être "d’accord pour revaloriser les médecins". "La consultation à 26,50 euros ne doit être qu'une étape." En outre, Thomas Fatôme s’est montré déterminé à "réduire les écarts entre les généralistes et les spécialistes".
Si "l’on ne peut que se féliciter de la prise de conscience de notre tutelle de l’erreur de jugement qui a pu conduire à l’échec des négociations", le président des Spécialistes-CSMF relève un nouvel écueil : "Thomas Fatôme ajoute qu’il convient de réduire la disparité de revenus entre les spécialistes de médecine générale et des autres spécialités en citant un BNC moyen pour les premiers de 90 000 euros et pour les seconds de 140 000 euros" mais "c’est l’activité de consultation de tous les médecins libéraux qu’il faut revaloriser", juge le Dr Bruno Perrouty.
S’adressant au DG de la Cnam, le syndicat – par la voix de son président – se dit offusqué de "cette stratégie de vouloir dresser une spécialité contre les autres à un moment où le système de santé a besoin de la mobilisation de tous les médecins". Et appelle Thomas Fatôme à raisonner "sur des chiffres justes" car "ce sont les spécialités cliniques qui sont en bas de l’échelle des revenus des médecins". Selon le Dr Perrouty, le directeur général de la Cnam doit "corriger [ses] chiffres".
S’appuyant sur les données de la Carmf, le Dr Perrouty indique : "Au sein des spécialités cliniques en secteur 1, les rhumatologues ont un BNC moyen de 75 931 euros, les psychiatres de 71 906 euros, les pédiatres de 67 070 euros, les endocrinologues de 58 414 euros et les gynécologues médicaux de 51 455 euros", alors que les généralistes de secteur 1 ont un BNC moyen de 81 228 euros. "Toutes ces spécialités médicales sont bien en-dessous des spécialistes en médecine générale", conclut-il.
"Ceci montre que lorsque l’activité d’un spécialiste est tirée uniquement de consultations, la valeur moyenne de ces actes est en-dessous de ceux des généralistes, en particulier à cause de l’absence de forfaits et parce qu’il y a moins de consultations de suivi et plus d’actes d’expertise", nuance le président des Spécialistes-CSMF, qui propose d’instaurer "des actes communs à toutes les spécialités mais dont la fréquence varie en fonction de l’activité".
"Si on ne revalorise pas les actes de consultation de toutes les spécialités pour inciter les médecins à voir de nouveaux patients pour une expertise clinique on va induire le développement des actes techniques plus rémunérateurs ou bien pour les médecins en secteur 2 conduire à des dépassements plus importants au détriment des patients, craint le Dr Perrouty. Dans les deux cas on va aggraver l’accès aux soins."
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