"On détruit la médecine libérale pour ça ? J'ai envie de vomir quand je vois un truc pareil", s’exclamait un médecin sur Twitter, dénonçant la mise en place par le groupe privé Ramsay Santé d’un abonnement permettant à tout un chacun de bénéficier de téléconsultations illimitées pour 11,90 euros seulement. "Moins cher qu’un abonnement à Netflix", s’indignait le Dr Jonathan Favre, généraliste et membre du collectif NoFakemed.
Face à la polémique, le groupe a tenu à "apporter des précisions sur le contour de son offre". "Proposé depuis près d’un an, ce service permet 24h/24 et 7j/7 d’obtenir un avis médical ou une réponse sur une question de santé", rappelle-t-il d’emblée dans un communiqué, ce mercredi. Alors que nombre de Twittos s’inquiétaient de la qualité des soins prodigués dans ce cadre, Ramsay assure que tous les médecins assurant des téléconsultations sont inscrits à l’Ordre et diplômés en France.
Le leader de l’hospitalisation privée, qui mise de plus en plus sur les soins primaires, se défend par ailleurs de vouloir contourner le rôle du médecin traitant. "Les patients le nécessitant sont réorientés vers leur médecin traitant ou aux urgences pour une consultation physique", promet Ramsay, qui ajoute qu’"un tiers des appels sont effectués en dehors des horaires d’ouverture des cabinets médicaux".
Dans un long message, le collectif Nos Services publics avait par ailleurs accusé le groupe de "détourner des ressources médicales rares des priorités collectives de santé publique. Le tout payé par vos cotisations". Faux, objecte Ramsay : "Il n’y a pas de coût de consultation pour le patient, ni de prise en charge par l’Assurance maladie (pas de remboursement)". Par ailleurs, certifie-t-il, l’abonnement est "sans engagement de durée et peut être résilié à tout moment sans condition".
Sous le feu des critiques, Ramsay indique par ailleurs avoir mis en place cette offre ayant constaté que "la possibilité de joindre un médecin à tout moment, sans qu’il ne s’agisse pour autant d’un service d’urgence" avait "suscité un intérêt fort parce que rassurant les patients". Il ajoute que "ce service existe déjà", certaines mutuelles ou assurances le proposant déjà dans leur offre.
"Ce type d’abonnement déconsidère la profession"
Interpellé sur le réseau social Twitter, le Conseil national de l’Ordre des médecins s’est dit opposé à cette offre, qui constitue une "initiative contraire à la déontologie médicale", écrit il dans un communiqué ce jeudi 8 juin. "Ce type d’abonnement fait de la médecine un commerce et déconsidère la profession", dénonce l’instance, qui précise qu’elle doit "assumer ses responsabilités déontologiques".
Il développe : "Ces téléconsultations (TC) menacent le système de soins et son modèle organisé autour de médecins qui répondent aux besoins de la population dans leur région". Ces TC n’étant pas remboursées, "elles remettent en cause le modèle de santé français fondé sur la solidarité et la gratuité des soins".
Le Cnom appelle le ministre de la Santé, François Braun, à "lutter contre tout mésusage de la télémédecine" en proposant et en mettant en œuvre de "nouveaux outils de régulation".
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