Hausse des arrêts maladie depuis 2019 : la Sécu décrypte le phénomène
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) et la Caisse nationale de l’Assurance Maladie (Cnam) viennent de dresser un état des lieux des arrêts maladie indemnisés entre 2010 et 2023. Bilan : en 2023, le nombre de journées d’arrêts maladie se stabilise à un niveau élevé.
Après s’être fortement accru durant les années 2020 à 2022, le nombre de journées d’arrêts maladie indemnisées* se replie en 2023 au sortir de la crise sanitaire, tout en restant à un niveau beaucoup plus élevé que celui de 2019, relève un nouveau rapport de la Drees et de la Cnam. Compte tenu d’une hausse des indemnités moyennes, la dépense consacrée à l’indemnisation des salariés du privé et des contractuels de la fonction publique atteint 10,2 milliards d’euros.
La hausse du volume d’arrêts maladie entre 2010 et 2019 (+2,3% par an en moyenne) s’est accentuée entre 2019 et 2023 (+3,9% par an). Les arrêts maladie ont le plus fortement augmenté durant la crise sanitaire, avec deux pics exceptionnellement élevés au début de la crise puis en 2022, mais l’incidence du Covid-19 s’est résorbée en 2023.
L’ensemble des facteurs économiques et démographiques (progression et vieillissement de l’emploi salarié et évolution du montant journalier d’IJ à âge donné) contribuent pour 60% à l’évolution des IJ sur la période récente. La hausse de la sinistralité contribue, quant à elle, à hauteur d’environ 40% et s’explique par la hausse du taux de recours et de la durée à âge donné. La proportion de salariés ayant au moins un arrêt indemnisé au cours de l’année est passé de 25% en 2010 à 26% en 2019, et 28% en 2023.
Des arrêts courts largement plus fréquents
Les épidémies affectent l’évolution des arrêts maladie d’une année à l’autre. Notamment, celles de la grippe ou de la gastroentérite qui nécessitent des arrêts maladie d’une durée recommandée de trois à cinq jours (cette durée inclut l’éventuel délai de carence).
Si les arrêts courts d’une durée indemnisée inférieure à huit jours sont de loin les plus fréquents et forment près de la moitié des arrêts indemnisés, ils ne représentent que 4% de la dépense d’IJ maladie. À l’inverse, les arrêts longs de plus de six mois représentent seulement 7% des arrêts, mais 45% de la dépense.
Toutes les catégories de salariés sont concernées par la hausse des IJ. Au cours des années 2010, la sinistralité a été particulièrement marquée pour les salariés âgés, en lien avec l’allongement de leur durée d’activité. Sur la période récente (2019 2023), la hausse du taux de recours est aussi très marquée pour les tranches d’âge les plus jeunes.
Les arrêts maladie des personnes de 50 ans ou plus ne représentent que 29% des arrêts mais 42% des dépenses, alors que ceux des moins de 35 ans, qui représentent un peu plus d’un tiers des arrêts maladie, ne pèsent que pour 22% de la dépense totale.
Une hausse plus marquée chez les femmes
Depuis 2010, les arrêts maladie ont augmenté chez les hommes et les femmes, mais plus fortement pour ces dernières. Cette sinistralité croissante chez les femmes se constate à tous les âges. Elle ne peut s’expliquer qu’en très faible partie par la hausse de leur participation au marché du travail, car cette hausse est beaucoup plus lente que celle de leurs arrêts maladie.
Plusieurs hypothèses pourraient éclairer le fait que les femmes ont davantage d’arrêts maladie : les différences d’état de santé (grossesses en premier lieu), de conditions de travail, de réactions face aux pénibilités, de double charge (professionnelle et domestique) et par des comportements plus préventifs.
Des travaux ont montré que les grossesses expliqueraient près de 40% des écarts de recours aux arrêts maladie entre les femmes et les hommes âgés de 21 à 45 ans puisque, en dehors des congés pathologiques, les arrêts durant la grossesse sont indemnisés au titre du risque maladie. Cependant, à secteur, âge et famille professionnelle donnés, il n’y aurait plus de différence de recours aux arrêts entre les femmes et les hommes au-delà de 45 ans.
Les résultats du rapport montrent enfin de forts écarts entre les secteurs d'activité. Ainsi, les arrêts maladie sont plus longs que la moyenne pour les salariés ayant des épisodes d’incapacité dans les secteurs de l’industrie extractive, de la santé humaine et de l’action sociale, de la construction et des activités immobilières. Dans d'autres secteurs, les arrêts sont plus longs. C'est le cas notamment de la santé et de l’action sociale qui emploient peu de jeunes, analyse la Drees. A l’inverse, dans le secteur de l’information et de la communication, les salariés sont plus jeunes et leurs arrêts sont les plus courts selon le rapport, qui admet toutefois que les contre-exemples sont nombreux.
*Les données ne portent que sur les arrêts ayant donné lieu à une indemnisation par l’Assurance Maladie et n’incluent pas les arrêts de 3 jours ou moins soumis à un délai de carence. Elles concernent les indemnités journalières (IJ) des salariés du secteur privé (hors exploitants et salariés agricoles) et des contractuels de la fonction publique, soit une population estimée à 21 millions de personnes en 2023.
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