"Il faut redonner du temps au généraliste, pas lui enlever des missions"

05/04/2018 Par Catherine le Borgne
Syndicalisme

Selon le président de MG France, Jacques Battistoni, les solutions qui sont proposées à la profession pour contrer la crise démographique, prennent le problème par le mauvais bout. Il faut soulager le médecin des tâches administratives pour lui redonner du temps médical, plaide-t-il, pas donner à d'autres, des pans de son champ d'activité. De concert avec les autres syndicats représentatifs, MG France demande l'élargissement de la visite longue aux personnes en ALD souffrant d'une difficulté de déplacement.

  "Face à une situation démographique contrastée, les médecins généralistes ont besoin qu'on les aide à retrouver du temps médecin. Au lieu de cela, les pouvoirs publics réduisent les missions confiées aux médecins généralistes", a dénoncé Jacques Battistoni, à l'occasion de sa première grande conférence de presse de président de MG France. On confie la vaccination contre la grippe aux pharmaciens, a-t-il recensé, les infirmières de pratiques avancées "ont un profil de compétences très proche de celui des médecins généralistes. Ce qui est potentiellement porteur de grand danger si elles sont autonomes. Ou si elles viennent du secteur hospitalier". Plusieurs nouvelles "spécialités" : gériatrie, algologie, infectiologie, sexologie, empiètent sur le champ d'activité du médecin traitant a-t-il ajouté alors que pour finir, on voit fleurir partout en France, des plateformes de télémédecine, "qui contournent le médecin traitant".  

"Fausses solutions"

  Stop, demande le patron des MG, en revendiquant au lieu de ces "fausses solutions face à un vrai problème", des dispositions qui pourraient permettre de recouvrer du temps de soignant. Il en va ainsi des fonctions de support, qui pourraient être proposées à la profession, pour les soulager de diverses tâches telles que la constitution de dossiers obligatoires pour monter des projets de santé ou professionnels, l'absorption du surcroit d'activité lié aux départs en retraite des baby boomers, ou encore les tâches médico-administratives et de coordination des soins induites par le travail en équipe. Des institutions pourraient être mises à profit pour cela, ARS, Cpam ou Unions régionales de médecins, mais MG France imagine également de nouvelles fonctions au cabinet, pour absorber le surcroît de patientèle, telles que le secrétariat avancé (accueil, gestion de dossiers, prise de rendez-vous auprès du spécialiste, coordination avec d'autres acteurs) ou l'assistanat de cabinet. Cette dernière fonction qui pourrait être tenue par une aide-soignante par exemple, consisterait à installer le patient, recueillir des paramètres et des indicateurs, faire un électrocardiogramme ou inclure des résultats d'examens dans un dossier notamment. "Il est clair que dans le champ conventionnel, notre priorité va vers le forfait structure, qui permet un investissement en systèmes d'informations  mais également en personnels", a souligné Jacques Battistoni.  

L'élargissement du périmètre de la visite longue

  Autre revendication, portée dans le cadre de la convention médicale, actuellement en cours de négociation : l'élargissement du périmètre de la visite longue, demande soutenue par tous les syndicats négociateurs. Actuellement réservée aux patients âgés dépendants, MG France demande que cette VL soit autorisée pour toute personne en ALD nécessitant un transport allongé ou demi-assis ou une incapacité physique requerrant l'aide d'une tierce personne. Le syndicat demande également que le transport en VSL de ces personnes nécessitant une visite longue, vers le cabinet médical, puisse être, sur protocole, organisé avec la Cpam."ll faut lutter contre tout ce qui empêche les médecins généralistes de faire des visites", a expliqué le président, en citant notamment les parkings payant en centre ville. Le syndicat va s'atteler par ailleurs, à modéliser des projets, pour postuler à une expérimentation dans le cadre de l'article 51 de la loi de financement de la sécurité sociale 2008, qui ouvre la porte à toutes les innovations organisationnelles ou tarifaires, émanant tant du public que du privé.  Une enveloppe de 20 millions d'euros sera versée au fonds d'expérimentation. "Il va falloir faire vite", expliquait Jacques Battistoni, car le secteur public est sur les rangs, doté de moyens logistiques et de personnel administratif "qui ne peuvent être comparés avec ceux de la médecine libérale".

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