"On ne veut pas un Ségur, on veut un Grenelle de la santé" : les recommandations d'Avenir Spé avant la présidentielle

04/02/2022 Par Sandy Bonin
Syndicalisme

A l'approche des élections présidentielles, le syndicat de médecins spécialistes Avenir Spé a présenté son projet politique et les chantiers majeurs portés par les spécialités. Ce projet prend la forme d’une charte d’engagement co-signée avec les usagers de soins qui siègent désormais au Conseil de l’organisation. 

"Un Ségur ne suffit pas, il faut mettre en place un Grenelle de la Santé. Tous les acteurs doivent être présents et notamment les usagers. Nous avons besoin d'une grande concertation pour reconstruire notre système de soins et le pacte social", estime le Dr Patrick Gasser, président du syndicat Avenir Spé. Le gastro-entérologue propose "un nouveau contrat social avec la volonté d’accompagner la mutation indispensable de notre système de soins". 

Plusieurs priorités ont été fixées par Avenir Spé, articulées autour de deux thématiques prioritaires : la réponse des médecins spécialistes aux enjeux sanitaires et l'accompagnement de l’évolution des métiers. 

Avenir Spé estime que les médecins spécialistes ont une responsabilité populationnelle et doivent répondre aux enjeux sanitaires de leurs territoires. "Si nous voulons sauver notre système de soins, ça sera par la médecine libérale et pas par la médecine hospitalière", juge le syndicat qui constate en passant que la proposition de forcer les jeunes médecins à exercer en zones sous-dotées est "une idée monstrueuse qui les fera fuir".  

 

"Choc d'attractivité du libéral" 

Le syndicat appelle à un "choc d'attractivité du libéral". "Il y a une méconnaissance totale de la médecine spécialisée libérale chez les jeunes. Il faut la rendre visible et attractive, proposer aux nouveaux médecins de s'installer en cabinet de groupe, voire d'être médecins collaborateurs salariés. Il est inconcevable qu'un jeune ne sache pas ce qu'est une entreprise médicale libérale", juge le syndicat qui propose que les spécialistes libéraux puissent participer à la formation initiale.  

Le syndicat veut apporter des réponses pour diminuer les délais de rendez-vous et combler les zones sous-denses. "C'est aux médecins de s'occuper de ce sujet, sinon les politiques le feront", estime le Dr Marc Villaceque, vice-président du syndicat. Partager les besoins avec les usagers, mettre en place de "vraies" mesures incitatives sont les pistes envisagées. Le syndicat se positionne même en faveur du transfert d'activités, mais les décisions "doivent être concertées et graduées".  

 

Certification 

Les spécialistes veulent également s'engager dans la formation et la revalorisation de leur métier. Selon eux, "une réforme de l'internat aurait dû avoir lieu au niveau des stages". Ils souhaitent également que la certification appartienne aux médecins en exercice. "Le libéral doit être partie prenante majoritaire de cette formation. Il n'y a pas que les universitaires", tranche le Dr Luc Sulimovic, autre vice-président d'Avenir Spé.   

La prévention ne doit pas être mise de côté, selon le syndicat, qui constate qu'"aujourd'hui la santé publique et la politique de prévention n'ont pas de place en France". Pour Avenir Spé, des démarches de dépistage doivent être réalisées dans chaque discipline.  

Enfin, face à une financiarisation de la santé "dangereuse" et "qui génère des dérives malheureuses pour les patients", Avenir Spé appelle "au développement de cabinets de groupe, éthiques et non asservis aux capitaux". "Ces entreprises libérales à missions, maisons des spécialistes contrôlées par les médecins, auront une action forte en faveur de la prise en charge ambulatoire bâtie sur une approche vertueuse plurielle (salariée et libérale) et les partenariats public-privé pour le développement de projets", imagine le syndicat.  

"Les programmes des candidats sont pauvres. Ils sont tous en recherche de solutions. Les solutions, nous les avons", conclut le Dr Gasser.  

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