Irréconciliables. Voilà des années que cela dure, et des années que les deux camps ennemis, pros de la régulation et défenseurs de la liberté d’installation, s’affrontent sur les estrades et les bancs des assemblées. Un clivage distinct des étiquettes politiques puisque les partisans de la méthode forte se trouvent autant à gauche qu’à droite, au centre ou dans la pléthorique République en marche ! Or, ce clivage s’est aggravé parallèlement à l’accentuation de la décrue démographique médicale. Et aujourd’hui les partisans du fléchage géographique ont beau jeu de pointer du doigt pharmaciens, infirmières et masseurskinésithérapeutes, qui semblent se satisfaire d’une régulation expérimentée depuis de longues années. Mais à la différence des médecins, absolument unis dans le refus non négociable de cette solution, les représentants de ces trois professions demandaient tous une régulation. Mécanisme perçu comme la seule voie garantissant à chaque professionnel un maillage territorial et le label des produits délivrés, un champ d’activité préservé ou un exercice épanouissant et valorisant. Autant de conditions qui auraient été réduites en poussière par le jeu d’une hyperconcurrence mortifère. Il y eut bien, il est vrai, dans le passé, du temps de la pléthore médicale, quelques voix syndicales pour réclamer une régulation autoritaire des installations tant il fut tellement difficile aux générations en place d’absorber l’arrivée des nouveaux diplômés, dont certains ont dû se reconvertir. Mais on parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître… Aujourd’hui, alors que les médecins manquent et continueront à manquer jusqu’en 2025, la ministre de la Santé se fait garante de la liberté d’installation. Tout comme ses prédécesseurs, elle a compris que cette liberté est l’atout maître qui construit le choix du libéralisme.
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