Le ministère de la Santé a évalué l'impact économique de la suppression du numerus clausus, mesure phare du projet de loi de santé. Si la fin des redoublements devait permettre à l'Etat d'économiser 55 millions d'euros par an, l'augmentation du nombre d'étudiants formés pèsera lourd sur les finances publiques.
Lors de sa mise en place en 1971, le numerus clausus est apparu "comme un moyen de préserver l'excellence de la formation ainsi que du service public hospitalier mais également de contenir un accroissement de la dépense publique porté par le besoin de financement de la formation et des dépenses de santé consécutives à une hausse du nombre de médecins exerçant", rappelle l'étude d'impact qui accompagne le projet de loi "relatif à l'organisation et à la transformation du système de santé", présenté le 13 février en Conseil des ministres.
Logiquement, la suppression du numerus clausus aura un impact significatif sur les finances publiques. En fonction des durées de formation des quatre filières médicales (médecine, odontologie, pharmacie, maïeutique) et des différents statuts hospitaliers des étudiants, la Direction générale de l'offre de soins (DGOS) évalue ainsi le coût de l'ensemble du cursus à 113 000 euros pour un médecin généraliste, 240 000 euros pour un spécialiste et entre 6600 et 28 000 euros pour un pharmacien, un chirurgien-dentiste ou une sage-femme. Si le nombre d'étudiants en médecine formés augmente de 20% par an, comme l'a laissé entendre Agnès Buzyn, la note sera salée. A cela s'ajoute l'augmentation ponctuelle du numerus clausus prévue pour l'année 2019-2020, année de mise en place de la réforme et de suppression du redoublement. Afin de garantir l'équité entre les étudiants actuellement inscrits en Paces et ceux qui s'inscriront pour l'année universitaire 2020-2021, "il est nécessaire de prévoir un quota de places spécifiques équivalent au nombre de redoublants constaté, soit environ 20% d'une promotion". Ce qui représente un coût supplémentaire de 270 millions d'euros, échelonné sur la période 2023-2032. Mais la suppression du redoublement génèrera tout de même des économies : le ministère de l'Enseignement supérieur évalue en effet le coût d'un étudiant redoublant à 3 000 euros, ce qui représente pour la population de redoublants estimée à 18 367 en 2017-2018 "une économie directe annuelle de 55,1 millions d'euros".
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