Places en médecine redistribuées : "La situation des étudiants en LAS est tout aussi injuste que celle réservée aux Pass"
Après les étudiants en LAS, ceux inscrits en Pass à l'université Sorbonne ont décidé de prendre la parole. Ils estiment, eux aussi, avoir été lésés au cours de l'année universitaire. Face à une situation qu'ils jugent "cruelle et intenable", élèves et parents appellent dans une pétition, lancée lundi 15 juillet, à "l'unité" et à une augmentation générale du nombre de places en médecine au sein de la faculté.
L'histoire n'est pas tout à fait terminée à la Sorbonne Université. Alors que le tribunal administratif de Paris a donné raison samedi 13 juillet à la direction de la faculté, autorisant cette dernière à rebasculer 48 places en médecine initialement réservées aux étudiants en LAS à ceux inscrits Pass*, ces derniers ont décidé de prendre la parole. Ces élèves – entrés en septembre en Pass à la Sorbonne – et leurs parents dénoncent, à leur tour, la "situation critique" à laquelle ils font face. "La situation réservée aux 48 étudiants de LAS [dont les places ont été rebasculées, NDLR] est tout aussi injuste que celle réservée [à] 86 [des élèves inscrits en] Pass", confirme Magali C., mère de l'une de ces élèves.
Depuis la mise en œuvre de la réforme de la Paces en 2020, la Sorbonne bénéficiait – comme d'autres universités – d'une dérogation et appliquait une répartition inégale des places en médecine entre les LAS et les Pass (30% pour les premiers, 70% pour les seconds). Mais, cette année, l'université a finalement décidé d'appliquer – en apparence du moins - une répartition égale entre les deux voies de formation. Il était alors prévu qu'autant d'étudiants en Pass qu'en LAS intègrent la filière médecine en septembre. Un changement de modalités dont les étudiants ont, selon Magali C., été informés tardivement et qui a amené au retrait de 86 places en médecine pour les étudiants en Pass ; celles-ci ayant été, dans un premier temps, réservées aux LAS.
Les étudiants, eux, n'ont été prévenus de ce changement qu''en janvier 2024, après la première session du concours qui a eu lieu en décembre 2023, et bien après la date limite de confirmation d'inscription du 6 octobre 2023", assure la mère de famille : "[Cela] ne leur permetta[i]t donc pas de se désinscrire et les obligea[i]t à se présenter au concours de médecine auquel il n'est possible de candidater que deux fois."
Une première pétition lancée
Dans la foulée de cette annonce, une première pétition a été lancée par un collectif d'étudiants en Pass et de parents d'élèves. Ils y appelaient au retour de ces 86 places. "Les règles du jeu, normalement annoncées avant la date limite de désinscription, permettent aux étudiants de faire un choix éclairé, cela n’a pas été le cas. Où est l’esprit de bienveillance voulu initialement par la réforme ? Dans un climat de travail intense et de sacrifices, est-il normal de maltraiter ainsi nos étudiants ?", lançaient-ils. Mais ce texte, qui a réuni 1 914 signatures, n'a pas eu l'effet escompté. "La réponse de Sorbonne Université a été qu'ils n'avaient jamais dit aux journées portes ouvertes 2023 qu'il y aurait 70/30. Ce qui est vrai. Mais ils n'ont jamais prévenu non plus de la possibilité de passer à 50/50", indique aujourd'hui Magali C, dont la fille n'a pas obtenu de places en médecine et prévoit donc de s'orienter en LAS2 à la rentrée.
Au-delà de la filière Pass, la mère de famille souhaite interpeller sur la situation des étudiants en LAS à la Sorbonne. Ces derniers mois, ces élèves ont cru en une hausse des places leur étant destinés en filière médecine. "On était persuadés que […] 214 places" seraient réservées par la Sorbonne aux élèves en LAS et qu'elles "allaient toutes êtes pourvues", racontait mi-juin l'une de ces étudiants à Egora : "C'est aussi pour ça que, cette année en particulier, beaucoup de candidats [en LAS] ont tenté leur chance."
L'instauration d'une note seuil de 12,2/20 (61/100) a douché leurs espoirs et empêché 48 de ces étudiants – qui avaient pourtant valider leur année - d'accéder à la filière médecine en septembre prochain. Après un recours en justice – contesté par la Sorbonne Université -, ces places ont été réattribuées mi-juillet aux élèves Pass. Pour ces derniers, ces 48 places supplémentaires sont "un plus", mais ne compensent toujours pas les 86 perdues en cours d'année**.
Tandis que, du côté des étudiants en LAS, cette réattribution est vécue comme une injustice. "Nos places [nous] ont été volées", lâche l'une d'elle, contactée par Egora. "L'urgence n'a pas joué en notre faveur", ajoute-t-elle, précisant qu'elle – comme une poignée d'autres LAS – prévoit de poursuivre une procédure en justice "pour regagner [leurs] places l'an prochain".
"Nous n'appelons pas une opposition entre les étudiants"
Toute cette situation est inconcevable pour Magali C. Lundi 15 juillet, la mère de famille a décidé de lancer une pétition pour appeler à une augmentation des places en médecine à la Sorbonne, tant pour les étudiants en Pass que pour ceux en LAS. "Nous n'appelons pas à une opposition entre étudiants, au contraire ! Les deux situations sont injustes, cruelles et incohérentes étant donné le manque de médecins reconnu unanimement. Nous souhaitons que les deux parties soient satisfaites dans l'unité", soutient-elle.
Dénonçant une situation qui "revêt un caractère cynique", la pétition appelle à une "augmentation immédiate des capacités d'accueil permettant aux 48 étudiants de LAS d'accéder à la filière médecine", ainsi que "la restitution des 86 places pour les Pass supprimées en janvier". La réponse à ses demandes étant la "seule issue à même de satisfaire les besoins des étudiants de LAS et de Pass".
"Le nombre de places supplémentaires nécessaire à cette augmentation des capacités en médecine […] à Sorbonne Université est dérisoire au regard de la pénurie actuelle de médecins", peut-on également lire. "De plus, la formation des médecins nécessitant environ dix années, l’urgence de l'accès des étudiants aux formations est immédiate, pour eux comme pour l’ensemble de la population. L'augmentation des moyens requise (personnels enseignants et administratifs, locaux) est modeste et ne peut constituer un obstacle à l'augmentation de ces capacités d'accueil", plaide la pétition.
A l'heure où nous écrivons ces lignes, ce texte a recueilli 61 signatures. Il a également été envoyé à la présidence de Sorbonne Université, ainsi qu'aux trois doyens des facultés de médecine, de lettres et des sciences et ingénierie, précise Magali C. Mais "aucune réponse n'y a été apportée", glisse la mère de famille. A l'instar des étudiants en LAS, cette dernière envisage désormais d'engager "une procédure ou un recours". "Nous ne savons [toutefois] pas encore combien, parmi les signataires, seraient prêts à engager une telle procédure", conclut-elle.
*Licence d'accès santé (LAS), Parcours d'accès spécifique santé (Pass).
** Les étudiants en Pass qui se sont vu retirer 86 places en milieu d'année restent, en effet, perdants de 38 places (86-48) par rapport aux précédentes années.
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