FMC : 10 points clésLombalgie : déceler les facteurs de risque de chronicité

Il est important de rechercher des « drapeaux rouges » évocateurs de lombalgie secondaire mais aussi des « drapeaux jaunes », « bleus » ou « noirs », qui sont des facteurs pronostiques liés au patient ou à son environnement.

25/06/2024 Par Dr Nassim Guerroui
  1. 01
    Point formation n°1

    La lombalgie est définie par une douleur entre la charnière thoraco lombaire et le pli fessier inférieur. Elle est dite commune quand il n’y a pas de signal d’alerte et chronique quand elle dure plus de trois mois.

  2. 02

    Il s’agit de l’affection la plus invalidante au monde en termes de nombre de jours de douleurs de handicap et d’arrêt de travail (prévalence de 70 % avec un pic de 50 à 65 ans).

  3. 03

    En cas de lombalgie commune la réassurance est fondamentale En effet dans 90 % des cas la pathologie évolue favorablement en quatre à six semaines.

  4. 04

    La lombalgie commune (d’origine discale arthrosique et/ou musculaire) est favorisée par plusieurs facteurs les troubles de la statique rachidienne le surpoids le tabac la sédentarité la génétique (antécédents familiaux) la maladie de Scheuermann les traumatismes répétés les activités professionnelles à risque (port de charges vibrations répétées...).
    Devant un simple lumbago il n’y a pas lieu de réaliser un examen d’imagerie.

  5. 05

    La lombalgie secondaire (< 1 % des cas) doit être recherchée systématiquement En cas de doute l’IRM est l’examen de référence et un bilan biologique (CRP calcémie corrigée EPP) est justifié. Les principales causes (liste non exhaustive) sont une tumeur vertébrale (primaire ou secondaire), une spondylodiscite des fractures vertébrales une spondyloarthropathie des tumeurs intrarachidiennes

  6. 06

    Il y a quatre groupes de signaux :
    - les « drapeaux rouges », qui sont évocateurs de lombalgie secondaire : douleur inflammatoire, signes neurologiques étendus (syndrome de la queue de cheval), paresthésies du pubis, altération de l’état général (perte de poids), fièvre, traumatisme important, antécédent de cancer, toxicomanie, corticothérapie au long cours, déformation rachidienne, âge (avant 20 ans ou après 55 ans) ;
    - les « drapeaux jaunes » qui sont des indicateurs d’un risque accru de passage à la chronicité : problèmes émotionnels (dépression, stress, anxiété), attitudes et représentations inappropriées de la douleur, comportements douloureux inappropriés (évitement et/ou réduction de l’activité), problèmes liés au travail (insatisfaction, environnement hostile) ;
    - les « drapeaux bleus », qui sont des facteurs pronostiques liés aux représentations perçues du travail et de l’environnement par le travailleur, stress au travail, charge physique élevée, forte demande et faible contrôle sur le travail, manque de soutien social, pression de l’employeur, peur de la rechute, faible espoir de reprise du travail ;
    - les « drapeaux noirs », qui sont des facteurs pronostiques liés à l’employeur, aux systèmes de soins et d’assurance : durée de l’arrêt de travail, politique de l’employeur (refus de changement de poste), insécurité financière, critères du système de compensation incitatifs financiers, manque de contact avec le milieu du travail.

  7. 07

    Sauf signal d’alerte il n’y a pas d’indication à prescrire un examen d’imagerie en cas de lombalgie (avec ou sans radiculalgie) aiguë car il n’y a pas de corrélation systématique radioclinique. Devant des signes d’alerte (« drapeaux rouges »), l’IRM est l’examen de référence.

  8. 08
    Point formation n°8

    Il faut identifier précocement les patients à risque de chronicité et leur prescrire de la kinésithérapie. En l’absence d’amélioration, il est nécessaire de privilégier la prise en charge multidisciplinaire avec un médecin spécialiste du rachis et avec la médecine du travail.

  9. 09

    La prise en charge comprend : réassurance, traitement symptomatique et rééducation (kinésithérapie, reprise des activités physiques), Le traitement principal reste l’activité physique, pour éviter toute récidive.

  10. 10

    La prévention en cas de chronicité repose sur la recherche de mesures adaptées avec la médecine du travail, la correction d’un trouble statique (par exemple, en cas d’inégalité des membres inférieurs de plus de 2 cm), le port d’un corset en coutil en cas de travail de force, et la perte de poids.

Références :

- Collège français des enseignants en rhumatologie. Les référentiels des collèges. Rhumatologie. Elsevier Masson. 7e édition.
- HAS. Prise en charge du patient présentant une lombalgie commune. Avril 2019.

Le Dr Nassim Guerroui déclare n’avoir aucun lien d’intérêts concernant les données de cet article.

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