FMC : 10 points clésPityriasis versicolor
Le pityriasis versicolor est une affection fréquente due à une levure lipophile, dont la sémiologie est caractéristique de la maladie.
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01Point formation n°1
Le pityriasis versicolor est une infection courante due à une levure lipophile qui se développe au niveau de la kératine de la peau : Malassezia furfur autrefois appelée Pityrosporum ovale ou orbiculare. Il n’existe pas de contagiosité du pityriasis versicolor.
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Cette pathologie touche les deux sexes, mais elle est plus fréquente chez les sujets jeunes. En fait, au-delà de 50 ans, la production de sébum est plus limitée, ce qui réduit le développement de ces levures. On rencontre couramment le pityriasis versicolor dans les régions tropicales ou semi-tropicales. Les températures élevées, l’humidité et l’hyperhidrose sont des facteurs favorisant le développement de ces agents infectieux.
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Le pityriasis se développe de manière plus fréquente chez des patients ayant :
– certaines pathologies : maladie de Cushing, malnutrition, déficit immunitaire;
– certains états physiologiques : grossesse notamment ;
– certains traitements : corticoïdes, contraceptifs oraux, immunosuppresseurs. -
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L’hypomélanose due à cette levure est secondaire à une oxydation des acides gras qui se transforment en acides dicarboxyliques. Ces acides agissent sur la tyrosinase des mélanocytes épidermiques ; élément qui conduit aux troubles pigmentaires observés chez les patients contaminés.
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Cliniquement, on observe des macules ou papules ovalaires périfolliculaires dont la taille varie. Le grattage de ces éléments permet de retrouver de fines squames qui se détachent en lambeaux (signe du copeau). Ces formations ont le plus souvent une couleur uniforme qui varie du jaune au brun. Dans certains cas, les lésions peuvent être de couleur rouge. Chez les patients bronzés, les lésions sont blanches (pityriasis versicolor achromiant). Elles sont marron clair chez ceux qui ne sont pas bronzés. Le pityriasis versicolor, s’il n’est pas traité, peut évoluer en donnant de vastes placards à contours géographiques.
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Cette dermatose se développe préférentiellement au niveau du haut du torse, de l’abdomen, des cuisses, de la région génitale, des bras et du cou. L’atteinte du visage est plus rare ; le plus souvent au décours d’une application intempestive de dermocorticoïdes.
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Il existe plusieurs diagnostics différentiels à cette dermatose :
– autres hypomélanoses : vitiligo, pityriasis alba, lèpre, phase postinflammatoire d’un eczéma nummulaire, hypomélanose en goutte ;
– autres dermatoses squameuses : dermatophytie de la peau glabre, pityriasis rosé de Gibert, psoriasis en gouttes, dermatite séborrhéique. -
08Point formation n°8
Le plus souvent, le diagnostic est clinique, et le recours aux explorations complémentaires reste rare. Cependant, on peut dans un premier temps recourir à la lumière de Wood, qui objective une fluorescence de couleur jaune-vert. Une analyse mycologique peut être réalisée dans le cas d’un doute diagnostique. Ainsi, il est possible d’observer au microscope des filaments qui se rompent facilement en donnant des bâtonnets de petite taille associés à des spores rondes et disposées en grappes de raisin. Ce sont les classiques "spaghettis" ou "boulettes de viande". Il est possible de cultiver sur milieu de Dixon ou de Sabouraud ces levures.
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Le pityriasis versicolor persiste souvent durant plusieurs années, et ce même si un traitement antifongique classique et bien conduit a été administré. En effet, les récidives sont très fréquentes et avoisinent les 40 à 60 %. La dépigmentation persiste durant quelques semaines après un traitement.
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Le traitement repose avant tout sur les imidazolés sous toutes leurs formes (shampoing, spray, crème…). Lors de l’application du kétoconazole en shampoing, il faut humidifier préalablement la peau durant cinq minutes, et effectuer un
rinçage. De cette manière, on obtient 70 % d’efficacité. On conseille également au patient de ne pas se doucher durant douze heures après l’application du traitement. Il est également possible de recourir au sulfure de sélénium à 2,5 %. Le patient doit se laver dix minutes après avoir appliqué ce traitement. Pour être efficace, il est conseillé d’effectuer un traitement journalier pendant sept jours.
Références :
- Habif T. Maladies cutanées. Diagnostic et traitement. France. Éd. Elsevier, 2008.
- Saurat JH, Lipsker D, Thomas L, Borradori L, Lachapelle JM. Dermatologie et infections sexuellement transmissibles. Éd. Elsevier-Masson, 2017.
- Fitzpatrick TB. Atlas en couleurs de dermatologie clinique. Éd. Flammarion Médecine Sciences, 2007.
- Bourée P, et al. Pityriasis versicolor : mycose de l'été. Rev Prat Med Gen 2013;27(905):546-7.
Le Dr Pierre Frances ne déclare aucun lien d’intérêts.