On imagine mal un médecin, ou un autre professionnel de santé, refuser de donner un avis, un conseil, voire des soins, à ses proches, dans son domaine de compétences. Si « ce sont toujours les cordonniers qui sont les plus mal chaussés », signifiant ainsi qu’un médecin aura plus de disponibilité envers ses malades qu’à l’égard de ses proches, cette attitude peut se comprendre et se justifier. Si un médecin sera facilement enclin à soigner ses proches pour des pathologies a priori mineures, il pourra souhaiter ne pas se laisser déborder et tracer une frontière entre vie professionnelle et vie privée. Sans être insensible au regard de ses amis, un médecin préfèrera garder une certaine distance et maintenir une relation affective indépendante de toute relation professionnelle. Fixer ses limites Eviter une possible confusion des genres. Pour des actes ou prescriptions simples, un médecin généraliste pourra, souvent ponctuellement, soigner son entourage, délivrer une ordonnance. Si la pathologie est plus complexe, si le praticien ne dispose pas du matériel nécessaire, ce dernier devra poser ses limites et conseiller ou faire appel à l’un de ses confrères. A plus forte raison, s’il s’agit d’un acte ou d’un traitement relevant de la chirurgie ou de l’obstétrique. A l’exception de l’urgence vitale qui nécessite, pour un médecin, d’intervenir sans délai, chaque praticien est à même d’apprécier ses limites et son envie de soigner, même régulièrement, des membres de sa famille voire certains de ses amis qui le solliciteraient. Toutefois, les rapports familiaux ou amicaux ne doivent pas brouiller les pistes et un médecin doit asseoir son autorité et conserver objectivité et distance à l’égard de ces malades qu’il connaît par ailleurs. Si un médecin est en droit de facturer des honoraires lorsqu’il reçoit en consultation l’un de ses proches ou se rend à son domicile, il peut aussi procéder à une auscultation ou délivrer une ordonnance pour un proche sous la forme d’un acte gratuit. Il devra être inscrit au tableau de l’ordre des médecins de son département, disposer d’une assurance couvrant sa responsabilité professionnelle, et faire figurer la mention « acte gratuit » sur l’ordonnance tout en rayant le numéro Adéli y figurant. Tous les soignants amenés à délivrer des soins, même à titre gratuit, à des proches, doivent être couverts par leur assureur, car ils restent responsables non seulement dans le cadre de leur pratique rémunérée, mais aussi pour la délivrance d’actes, de soins et de conseils effectués gracieusement.
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