"Moins médiatisés que d’autres spécialistes, les pneumologues sont en première ligne face à la Covid-19", a rappelé le Pr Chantal Rahérison-Semjen, pneumologue au CHU de Bordeaux et présidente de la Société de pneumologie de langue française (SPLF). Les patients pris en charge en service de pneumologie bénéficient des traitements anticoagulant et corticoïde, d’oxygénothérapie à haut débit, de ventilation non invasive, qui ont contribué à réduire la mortalité. L’ensemble des composantes de la pneumologie française (parmi laquelle la Société de pneumologie de langue française -SPLF-, le Collège des pneumologues des hôpitaux généraux, la Fédération française de pneumologie...) a lancé un projet de recherche, "la métacohorte pneumocovid", qui a pour objectif principal d’analyser le devenir des patients ayant développé une infection Covid-19, sévère ou non, ayant débouché ou non sur une hospitalisation. "L’avantage de rassembler l’ensemble des forces vives de la pneumologie est d’avoir l’éventail le plus large de patients, alors que peu de données sont actuellement disponibles sur le pronostic respiratoire des patients infectés", a expliqué le Pr Claire Andréjak, pneumologue au CHU d’Amiens. Cette cohorte en vraie vie permettra d’analyser les déterminants des séquelles respiratoires présentes sur le plan clinique, fonctionnel et au scanner, "ce qui est très demandé par les instances sanitaires", a précisé le Pr Andréjak, "d’évaluer le rôle des comorbidités respiratoires sur la présentation clinique et la gravité de l’infection initiale et secondaire, de préciser l’impact du Sars-CoV-2 sur ces comorbidités". Par ailleurs, les pneumologues analyseront les effets de la réhabilitation et des traitements du post-Covid 19 sur l’évolution des patients. "Tous les patients vus en consultation par un pneumologue présentant des symptômes respiratoires persistants après une infection Covid-19 ou hospitalisés pour une pneumopathie Covid-19 seront éligibles." Des complications possibles même chez les patients peu symptomatiques Le suivi des malades, qui devrait être d’1 an, respectera les préconisations proposées dans un guide pratique élaboré par la SPLF, et devrait comporter une première évaluation entre 2 et 4 mois. Malheureusement, les premières données à court terme laissent penser que l’infection Covid-19 est très probablement à l’origine de séquelles subaiguës et chroniques en cas de forme sévère mais aussi en cas de forme légère ou modérée, ou même asymptomatique, a signalé le Dr Didier Debieuvre, président du Collège des Pneumologues des Hôpitaux Généraux (CPHG) et onco-pneumologue à l’hôpital Émile Muller de Mulhouse. Il serait important de disposer d’une filière de soins dédiée pour prendre en charge ces patients post-Covid, faciliter les explorations en cas d’essoufflement persistant, comprendre les phénomènes associés aux syndromes d’hyperventilation observés chez certains patients dans les suites de l’infection et, plus généralement, dresser un état des lieux de l’impact de la Covid-19 sur la santé respiratoire des Français. Il est encore difficile d’apprécier précisément les risques associés à l’infection Covid-19 chez les sujets avec une maladie respiratoire. "Moins d’asthmatiques qu’attendu ont été hospitalisés pour infection Covid-19. Mais, il est probable que ces patients se sont souvent confinés et ont fortement respecté les mesures barrière", a indiqué le Pr Rahérison. "Il est aussi possible que les traitements corticoïdes inhalés et oraux aient protégé en partie les asthmatiques contre l’infection par le Sars-CoV-2." Malgré tout, des études ont rapporté un risque accru, chez des asthmatiques sévères avec un surpoids ou des comorbidités. Pour les patients avec une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) ou une insuffisance respiratoire sévère, l’impression est que les formes sévères de Covid-19 sont plus courantes chez ces malades. Quoi qu’il en soit, chez tous ces malades respiratoires, la vaccination contre la Covid-19 est, bien évidemment, un enjeu essentiel.
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