Si le traitement par statines en prévention cardiovasculaire primaire est associé de manière indiscutable à une réduction de la morbidité cardiovasculaire, ses effets sur la mortalité globale semblent variables. De plus, on dispose de très peu de données pour guider l’utilisation des statines en prévention primaire chez les sujets de plus de 75 ans.
Afin d’analyser l’effet du traitement par statines chez les adultes âgés de 65 à 74 ans et chez les sujets de plus de 75 ans, les auteurs de l’étude ALLHAT ont utilisé les données de cette étude pour faire une analyse post-hoc chez les sujets de plus de 65 ans qui, dans cette étude, rappelons-le, n’avaient pas de maladie cardiovasculaire athéroscléreuse patente, étaient ambulatoires et étaient hypertendus. Cette étude avait été conduite entre février 1994 et mars 2002 dans 513 sites cliniques. La pravastatine à la dose de 40 mg/jour était comparée à la prise en charge habituelle. Parmi les participants de plus de 65 ans de cette étude, 1 467 (dont 48 % de femmes) d’âge moyen de 71.3 ± 5.2 ans faisaient partie du groupe « pravastatine » et 1 400 (dont 50.8 % de femmes) d’âge moyen de 71.2 ± 5.2 ans faisaient partie du groupe « prise en charge habituelle ». Le LDL cholestérol moyen au début de l’étude était de 1.47 ± 0.19 g/l dans le groupe « pravastatine » et de 1.47 ± 0.19 g/l dans le groupe « prise en charge habituelle ». Dans cette étude, menée en ouvert, les médecins étaient libres d’arrêter le traitement pour des problèmes de tolérance chez les patients traités par statine et de mettre en route un traitement par statine dans le groupe « prise en charge habituelle ». Parmi les sujets assignés initialement à la prise de pravastatine, 86.1% en prenaient encore la seconde année et 77.9% (197 of 253) en prenaient encore à la 6éme année. Dans le groupe traité de manière habituelle, 8.3% des participants prenaient une statine la seconde année et 29.0% (77 des 266) en prenaient une la 6éme année. A la 6ème année, le LDL cholestérol moyen était de 1.09 ± 0.35 g/l dans le groupe « pravastatine » et de 1.28 ± 0.27 g/l dans le groupe « prise en charge habituelle ». A la 6ème année, sur les participants du groupe « pravastatine », 42 des 253 (16.6 %) ne prenaient plus de statines ; 71 % du groupe prise en charge habituelle ne prenaient pas de statines. Les hazard ratios pour la mortalité globale dans le groupe pravastatine, en comparaison du groupe prise en charge habituelle étaient de 1.18 (IC 95 % = 0.97-1.42, p = 0.09) pour tous les adultes de plus de 65 ans. Ils étaient de 1.08 (0.85-1.37, p = 0.55) pour les adultes âgés de 65 à 74 ans et de 1.34 (0.98-1.84, p = 0.07) chez les sujets de plus de 75 ans. Le taux d’événement coronarien n’était pas significativement différent entre les deux groupes. En analyse de régression multivariée, les résultats restaient non significatifs et il n’y avait pas d’interaction significative entre les groupes de traitement et l’âge. En conclusion, lorsque des sujets âgés de plus de 65 ans dont l’hyperlipidémie est modérée et qui sont hypertendus sont traités par une statine en prévention cardiovasculaire primaire, on ne note aucun bénéfice en termes de mortalité. On observe même une tendance non significative à une petite augmentation de la mortalité globale sous pravastatine chez les sujets de plus de 75 ans.
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