Certains effets secondaires attribués aux statines peuvent en fait être provoqués par les appréhensions liées à ces traitements anti-cholestérol plutôt que par le médicament lui-même, selon une étude publiée mercredi dans la revue médicale britannique The Lancet.
Cette étude s'intéresse aux symptômes musculaires (douleurs, faiblesse) considérés comme des effets secondaires des statines. Et montre que ces symptômes sont moindres si les patients prennent ces traitements sans le savoir. Ce phénomène, sorte d'effet placebo inversé, est baptisé "effet nocebo" et "peut être très puissant", a souligné le responsable de l'étude, le professeur Peter Sever, de l'Imperial College de Londres. "Les patients peuvent ressentir des douleurs bien réelles (...). Notre étude montre que c'est justement la crainte d'éprouver des effets indésirables qui peut provoquer l'augmentation des douleurs et de la faiblesse musculaires, plutôt que les médicaments eux-mêmes", a-t-il poursuivi. L'étude a été réalisée en deux temps, entre 1998 et 2004, sur 10.180 patients hypertendus et à risque cardiovasculaire, au Royaume-Uni, en Irlande et en Scandinavie. Durant une première phase à l'aveugle de trois ans, ils ont été traités selon un tirage au sort, sans qu'eux-mêmes ni leur médecin sachent s'ils prenaient de l'atorvastatine ou un placebo. Puis la quasi-totalité de ces patients a de nouveau été suivie durant une seconde phase de deux ans, et les deux tiers d'entre eux ont cette fois choisi d'être soumis à un traitement par statine. Durant la première phase, le taux de symptômes musculaires était équivalent chez les patients traités par statine et ceux qui recevaient un placebo (2,03% et 2% par an). En revanche, lors de la deuxième phase, la présence de ces symptômes était supérieure de 41% chez les patients traités par statine (1,26% contre 1,00% par an chez les autres). "Les bénéfices (des statines) surpassent largement leurs inconvénients. Mais des affirmations très répandues sur les taux d'intolérance aux statines dissuadent toujours trop de personnes de suivre ce traitement abordable, sûr et qui peut potentiellement leur sauver la vie", a plaidé le professeur Sever. L'étude, financée par les laboratoires Pfizer, Servier et Leo, ne porte toutefois que sur un type de statine, l'atorvastatine, et à des doses relativement faibles, a souligné Dr Amitava Banerjee, de l'University College London, dans un commentaire sur l'étude recueilli par le Science Media Centre. [Avec AFP]
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