Les fibres, un atout pour le contrôle glycémique

On savait déjà que les fibres alimentaires jouent un rôle majeur pour une bonne santé, participant, en particulier, à la gestion du poids, aux équilibres glucidique et lipidique à la protection contre le cancer du côlon. Mais désormais, en sait un peu plus sur la façon dont les fibres agissent pour participer au métabolisme et en particulier au contrôle glycémique.

Des chercheurs Français (Inserm/ Sorbonne Université) viennent en effet de montrer que cela passe par le système immunitaire intestinal.

Ces scientifiques ont tout d’abord analysé des souris nourries avec un régime riche en lipide et pauvres en fibres, mimant ainsi les habitudes alimentaires dans les pays occidentaux. Puis pour certaines, ils ont ajouté des fibres alimentaires.

Ils ont alors observé que tous les animaux avaient développé un surpoids. Cependant, ceux qui avaient reçu la supplémentation en fibres alimentaires présentaient une amélioration de l’assimilation du glucose par l’organisme, avec pour effet, un meilleur contrôle de la glycémie.

Afin de comprendre les mécanismes en jeu, les chercheurs se sont intéressés au microbiote et au système immunitaire de l’intestin des souris. Ils se sont alors aperçus que les souris non supplémentées en fibres présentaient un microbiote appauvri, dont les bactéries étaient moins diversifiées. En outre, deux populations de cellules immunitaires étaient beaucoup moins retrouvées dans l’intestin : les lymphocytes Th17, impliqués dans la protection de la barrière intestinale, et les lymphocytes T régulateurs périphériques (pTreg), qui contribuent à la tolérance du microbiote intestinal. « Ces altérations suggèrent une fragilisation du système immunitaire local, en lien avec l’appauvrissement du microbiote » confirme l’Inserm dans un communiqué. À l’inverse, les souris supplémentées en fibres, présentaient un microbiote plus riche, et les lymphocytes Th17 et pTreg restaient en quantité normale. « Cela pourrait s’expliquer par une contribution des fibres à l’enrichissement du microbiote intestinal en espèces bactériennes qui soutiennent la différenciation de certaines cellules immunitaires, précise Adélaïde Gélineau, première autrice de cette étude.

Les chercheurs ont, par ailleurs, découvert l’importance d’une troisième population de cellules immunitaires appelées cellules dendritiques cDC2, qui soutiennent le développement des cellules immunitaires Th17 et pTreg. Ils ont pu confirmer leur caractère indispensable à l’effet bénéfique des fibres sur le contrôle glycémique. « Sans ces cellules, l’apport en fibres n’est pas suffisant pour préserver les cellules Th17 et corriger le déséquilibre glucidique », explique Emmanuel Gautier (Unité de recherche sur les maladies cardiovasculaires et métaboliques, Inserm/Sorbonne Université), directeur de l’équipe. « Ici, avec un seul ingrédient, des fibres de type FOS, nous sommes parvenus à préserver la flore intestinale, l’immunité locale et le métabolisme glucidique chez des animaux soumis à un régime gras, ajoute le chercheur. Avec ce travail, nous fournissons un aperçu des mécanismes cellulaires par lesquels des fibres alimentaires ont un impact bénéfique sur le métabolisme du glucose. Comprendre ces interactions entre alimentation, immunité et métabolisme est un préalable pour progresser dans les connaissances en nutrition, notamment pour évaluer l’impact des régimes alimentaires sur l’organisme et établir des recommandations », conclut-il.