Une analyse de la cohorte E3N, présentée sur du Congrès de l'Alliance européenne des associations pour la rhumatologie (Eular) qui a eu lieu du 2 au 5 juin 2021, suggère que le tabagisme passif dans l’enfance ou à l’âge adulte augmente la probabilité de survenue d’une polyarthrite rhumatoïde chez la femme. La polyarthrite rhumatoïde (PR) est une maladie auto-immune multifactorielle mettant en jeu des interactions entre facteurs génétiques et environnementaux, a rappelé le Dr Yann Nguyen, épidémiologiste au sein de l’université Paris-Saclay et de l’unité Inserm U1018 à Villejuif. Le tabagisme actif favorise l’apparition d’anticorps anti-protéines ou peptides citrullinés (ACPA), souvent précocement détectés dans la PR, et est le facteur de risque environnemental le mieux connu d’apparition de la maladie avec un risque relatif estimé entre 1,3 à 2,1 selon le nombre de cigarettes fumées. La probabilité d’apparition d’anticorps ACPA est nettement accrue chez les patients porteurs de l’épitope HLA-DRBI en un, et encore plus, en deux exemplaires. Pour le tabagisme passif, les données disponibles étaient jusqu’ici contradictoires, même si une étude préliminaire de la cohorte E3N*, ayant pris en compte 371 cas de PR, avait suggéré un possible effet délétère de celui-ci.
Cet impact négatif vient d’être confirmé dans une nouvelle analyse de la cohorte E3N (98 995 femmes travaillant à l’Éducation nationale, suivies depuis 1990), ayant porté sur 698 patientes ayant développé une PR au cours du suivi parmi les 79 806 femmes ayant répondu aux questionnaires de l’étude. L’âge moyen lors du diagnostic de PR était de 65,2 ans et le délai moyen entre l’inclusion et le diagnostic de 11,7 ans. Un tabagisme passif dans l’enfance (14 % des femmes de la cohorte) majorait de 1,24 le risque de survenue d’une PR. Cependant, ce surrisque n’était significatif que chez les patientes n’ayant jamais fumé (Hazard ratio de 1,40) et non chez les patientes fumeuses actuellement. Un risque accru de PR (HR de 1,19) a aussi été mis en évidence après exposition au tabagisme passif à l’âge adulte, lequel concernait 54 % des femmes de la cohorte, l’association n’étant là encore statistiquement significative que chez les patientes n’ayant jamais fumé (HR de 1,27). L’âge moyen de survenue de la PR était plus précoce chez les patientes non fumeuses exposées au tabagisme passif dans l’enfance (60,6 ans). Enfin, le cumul de l’exposition au tabagisme passif et actif accroissait la probabilité d’apparition d’une PR (risque relatif multiplié par 1,33 chez les non fumeuses exposées au tabagisme passif dans l’enfance et/ou l’âge adulte, soit un risque absolu de 47,6 pour 100 000 personnes années pour la PR, risque relatif multiplié par 1,32 chez les fumeuses jamais exposées au tabagisme passif, par 1,50 chez les fumeuses exposées au tabagisme passif). * Étude épidémiologique auprès de femmes de la Mutuelle générale de l'Éducation nationale.
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