Il n’existe pas une mais deux types de Mash

Pour certains, il pourrait exister plusieurs types de Mash. Une équipe de chercheurs lillois a voulu approfondir les connaissances sur ce sujet, dans le cadre d’un vaste projet collaboratif nommé RHU PreciNASH.

13/12/2024 Par Dre Marielle Ammouche
Infectiologie Grippe COVID

Contrairement à ce que l’on pensait jusqu’à présent, il n’existe pas une mais deux types de stéatohépatite associée à un dysfonctionnement métabolique (Mash, anciennement Nash), qui sont liées chacune à un mécanisme physiopathologique différent : l’un génétique, et l’autre cardiométabolique. Cette inflammation chronique du foie, qui peut s’aggraver avec le temps et évoluer vers une fibrose, une cirrhose, voire un cancer hépatique, touche 4 à 6% de la population mondiale. Mais son évolution est très variable d’un patient à l’autre, concernant la sévérité ou la survenue de complications. 

Pour certains, cela pourrait signifier qu’il existe plusieurs types de Mash. Une équipe de chercheurs lillois, dans le cadre d’un vaste projet collaboratif nommé RHU PreciNASH (Inserm, Inria, CNRS, université, CHU, Institut Pasteur de Lille), a donc voulu approfondir les connaissances sur ce sujet. Pour cela, ils ont analysé, grâce à un algorithme, les données (cliniques et sur biopsie hépatique) de 1 800 patients suivis au CHU de Lille. Ils ont alors mis en évidence deux profils de patients à partir de six variables cliniques et biologiques simples : âge, IMC, ALT, LDL cholestérol, triglycéridémie et HbA1c. 

Le premier groupe de patients est caractérisé par des taux élevés de triglycérides et d’HbA1c ; alors que l’autre est constitué de patients ayant un taux anormal d’ALT. Les auteurs ont ensuite validé leurs résultats sur d’autres cohortes européennes indépendantes en Italie, Finlande, Belgique et au Royaume-Uni.

Mais c’est en allant plus loin dans l’analyse de cette cohorte lilloise qu’ils se sont aperçus qu’il ne s’agissait pas seulement de deux profils de patients présentant une même Mash, mais plutôt de deux Mash différentes : l’une d’origine génétique, l’autre cardio-métabolique. Ainsi, le groupe de patients qui présentent un taux anormal d’ALT développe "une Mash spécifique du foie, d’origine génétique, caractérisée par un dysfonctionnement hépatique qui conduit le foie à produire des acides gras qui s’accumulent à l’intérieur de cet organe", explique l’Inserm, dans un communiqué. Elle survient chez des personnes plus jeunes et provoque essentiellement des maladies hépatiques graves. 

Une application mise au point

Dans le deuxième groupe, les patients (taux élevés de triglycérides et d’HbA1c) présentent, eux, une Mash de type cardio-métabolique, avec des lipides circulants, importés dans le foie via le sang. Ils ont un risque plus élevé de diabète de type 2 et d’accidents cardiovasculaires.

"Ce travail permet de stratifier les cas de Mash en deux endotypes distincts, caractérisés chacun par des mécanismes biologiques spécifiques et une progression clinique différente", résume le Pr Francois Pattou (CHU Lille). "Il s’agit d’une avancée importante vers une médecine de précision, avec l’idée que nous pourrions adapter à l’avenir la prise en charge des patients selon le type dont ils sont atteints. En particulier, plusieurs médicaments sont en développement pour lutter contre cette maladie, avec des résultats hétérogènes. Il serait utile de les évaluer de façon distincte selon le type de Mash", précise le Pr Philippe Mathurin, hépatologue, également impliqué dans le projet.

Pour avancer encore dans le projet, l’équipe a mis au point une application, nommée RShiny, à destination des cliniciens pour leur permettre d’identifier le type de Mash d’un patient, à partir des six variables simples prises en compte dans ce travail. "Cet outil statistique n’est pas un dispositif médical, mais permet aux cliniciens de classer bien facilement de nouveaux patients sans avoir besoin de connaissance en programmation", conclut Guillemette Marot, biostatisticienne, impliquée dans la construction des deux endotypes.

Références :

D’après un communiqué de l’Inserm (9 décembre) ; et Raverdy, V., et al. Nat Med (2024)

https://www.nature.com/articles/s41591-024-03283-1 

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Corinne Ohayon

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Photo de profil de Claude Rouquet
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Médecine générale
il y a 3 jours
Il eut mieux valu réduire à sept comprimés le contenu des boites, et même sur prescription, cela reste une bonne mesure.
 
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