MASH, VHB : quelle est la valeur pronostique de la régression de l’atteinte hépatique ?
Dans la stéatohépatite liée au syndrome métabolique (Mash), la régression de l’atteinte hépatique serait prédictive du pronostic à 15 ans. En revanche, la régression des lésions post-guérison du virus de l’hépatite C (VHC) ne permet pas de baisser la garde quant à la surveillance du risque tumoral.
Aucun traitement n’est pour l’heure disponible dans le traitement de la stéatohépatite liée au syndrome métabolique (Mash). Des candidats médicaments, comme le resmetirom, entraînent une amélioration histologique hépatique ; mais leur effet sur le critère dur de mortalité reste non établi. Les autorités de santé ont proposé des critères intermédiaires d’évaluation : rémission de la Mash sans aggravation de la fibrose, ou amélioration de la fibrose. De nouvelles données attestent l’utilité de ces critères. Ainsi, en décrivant les bénéfices de la chirurgie bariatrique après 15 ans de suivi, l’étude Braves menée par une équipe lilloise confirme également qu’améliorer la Mash permet aussi d’améliorer le pronostic à long terme des patients opérés.
Brave, conduite entre 1994 et 2021, avait montré la supériorité de la chirurgie bariatrique sur les interventions diététiques traditionnelles chez des patients obèses éligibles, avec des effets bénéfiques sur la mortalité globale de la cohorte opérée, ainsi que sur les complications hépatiques et cardiovasculaires des patients Mash. Des données conduisant à pouvoir "assimiler cette maladie à une forme d’expression tissulaire du syndrome métabolique", a commenté le Dr Guillaume Lassailly (CHRU de Lille). Pour autant, les données à long terme de cette étude n’étaient pas encore établies parmi les patients Mash. Tous avaient eu une biopsie hépatique à l’inclusion, puis un an après chez ceux atteints de Mash.
De nouveaux résultats, présentés au congrès, ont montré qu’à 15 ans, le taux de décès était supérieur chez les sujets qui avaient une Mash à l’inclusion (survie de 83,9 % vs 92,7 % parmi les patients non Mash), chez ceux qui avaient une fibrose de stade F2 ou plus (79,8 vs 94%), et chez ceux qui avaient une Mash ou une fibrose persistante à 1 an (70,8 % vs 88,4%). La perte d’IMC entre 0 et 1 an et la sévérité de la fibrose constituaient les principaux facteurs de risque de persistance de la Mash. "La rémission de la Mash sans aggravation de la fibrose apparaît comme un critère de substitution fiable dans le contexte de la chirurgie bariatrique, a conclu le spécialiste. Elles montrent l’importance de la réponse histologique pour prédire la survie."
Continuer à maintenir la surveillance hépatique post-VHC
On recommande le dépistage du carcinome hépato-cellulaire (CHC) chez les personnes guéries d’une hépatite C chronique, et qui ont une fibrose avancée ou une cirrhose, puisque le risque persiste significativement. Cependant les tests non invasifs (TNI) suggèrent une régression de ces atteintes post-guérison. Alors cette surveillance reste-t-elle nécessaire chez ces patients ? Afin de savoir s’il serait possible d’arrêter le suivi de certains patients, une étude a été réalisée à partir de deux cohortes ANRS (Hepather dès 2012, CirVir dès 2006). La dynamique de la fibrose hépatique a été évaluée à la fois par l'histologie hépatique et par des TNI, et a été corrélée à l’évolution vers le CHC. Pour rappel, ces TNI (Fib4, APRI et élastométrie) sont établis à partir de constante de routine établies en biologie (transaminases, plaquettes, âge des malades…).
L’analyse a porté sur plus de 8 000 patients ayant obtenu une réponse virologique soutenue, parmi lesquels 3 500 avaient une cirrhose. 3,6% ont développé un CHC, en moyenne après un suivi de 62 mois. Comme attendu, les cas de cancers étaient d’autant plus nombreux que l’atteinte hépatique était sévère. Chez ceux qui avaient initialement une cirrhose, les tests montraient une régression que les patients aient ou non développé ultérieurement un cancer. Certains avaient même atteints des scores de TNI appartenant au quartile le plus bas. Le risque résiduel restait d’environ 1,5% chez ces sujets. Aussi, "la plupart des CHC n’auraient pas été dépistés si la surveillance de ces patients en apparence « réverseurs » avait été stoppée, a commenté le Pr Pierre Nahon (hôpital Avicenne, Bobigny) au cours de la plénière scientifique. La dynamique des TNI ne permet donc pas de prédire l’évolution histologique ni d’identifier des seuils sous lesquels on pourrait modifier les stratégies de dépistage actuel", a-t-il conclu, invitant à ne pas modifier les stratégies en l’absence de nouvelles données.
Maladie de Crohn, cancer du pancréas... Ce qu'il faut retenir des dernières Journées francophones d'hépato-gastroentérologie
Au sommaire du congrès :
- Maladie de Crohn, cancer du pancréas... Ce qu'il faut retenir des dernières Journées francophones d'hépato-gastroentérologie
- Des recommandations françaises dans la maladie de Crohn
- MASH, VHB : quelle est la valeur pronostique de la régression de l’atteinte hépatique ?
- Troubles fonctionnels intestinaux : la place des probiotiques et des approches non médicamenteuses précisée
- Cancer du pancréas : un lien avec l’exposition aux pesticides identifié en France
- Maladie cœliaque : 4 cas sur 5 sont atypiques ou frustres
Références :
Journées Francophones d’Hépato-gastroentérologie et d’Oncologie Digestive (JFHOD, 14 -17 mars, Palais des congrès de Paris). D’après les communications du Dr Guillaume Lassailly (CHRU de Lille), et du Pr Pierre Nahon (hôpital Avicenne, Bobigny) au cours des plénières scientifique du jeudi 14 mars et du samedi 16 mars 2024.
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