"On frappe un médecin et on s’en sort avec un stage de citoyenneté": un généraliste déplore la peine légère de son agresseur
Ce mardi 27 février, le tribunal correctionnel de Montbéliard a condamné un homme de 68 ans pour "violence sur personne chargée de service public". Il avait agressé un médecin généraliste, exerçant à Audincourt (Doubs). Le praticien avait raconté les faits à Egora. Le 30 janvier dernier, une patiente en retard rentre dans son cabinet, accompagnée d’un sexagénaire qu'il ne connait pas. La secrétaire lui indique qu’il faut reprendre rendez-vous, le médecin ayant mis en place des "règles" au sein de son cabinet. Mais l’accompagnant devient vite très agressif.
Après un aller-retour dans la salle d’attente pour essayer de calmer le jeu, le médecin qui était en consultation, décide d’y retourner en entendant des éclats de voix. "Je suis tombé nez à nez avec lui. Il était en position d'affrontement, comme un boxeur : il serrait les poings. Il me disait : 'Viens, qu'est-ce que tu vas me faire?' Quand je me suis approché pour essayer de le calmer, lui dire de ne pas se mettre dans cet état-là, il m'a pris le bras et m'a fait tomber par terre. Il était sur moi. J'étais vraiment sous le choc", avait-t-il détaillé.
Le sexagénaire avait fait l’objet d’une comparution immédiate, le 8 février dernier, mais avait finalement bénéficié d’un délai afin de préparer sa défense. Il était cependant placé sous contrôle judiciaire, avec une interdiction d’entrer en contact avec le médecin. Si le procureur de la République avait requis quatre mois de prison avec sursis lors de l'audience le 27 février, le verdict a finalement été beaucoup moins lourd. L’homme de 68 ans a été condamné à un stage de citoyenneté et à une amende, dont le montant sera défini ultérieurement. Il a également l’interdiction de se rendre au cabinet médical du médecin agressé pendant deux ans.
"J'arrêterai très probablement la médecine générale"
Contacté par Egora, le généraliste s’est dit "très déçu" par cette condamnation, "à mon sens très légère". "On frappe un médecin et on s'en sort avec un stage de citoyenneté", déplore-t-il. C’est sa troisième agression depuis son installation en 2022. Il avait décidé de fermer son cabinet pour protester contre ces violences injustifiées. "J'arrêterais probablement la médecine générale", nous confie-t-il.
L’association gérant la PDSA du Pays de Montbéliard avait appelé les médecins à fermer leur cabinet et à se réunir devant le tribunal pour "sensibiliser" la patientèle à la problématique de la violence. Ce mardi, une vingtaine de praticiens se sont mobilisés, comme la Dre Liliana Borges, médecin généraliste à Grandvillars (Territoire de Belfort) : "Là, on en arrive à des agressions physiques, des menaces de mort aussi chez certains de nos collègues. On ne peut plus laisser passer, il faut vraiment faire quelque chose. On adore notre métier, on aime bien aider les gens, nos patients, mais pas dans ces conditions-là."
Pour la Dre Frédérique Nassoy-Stehlin, présidente du Conseil départemental de l’Ordre des médecins du Territoire de Belfort, il faut que "les patients qui agressent un médecin [rendent] des comptes, c'est indispensable. Parce que les médecins aujourd'hui ne comprennent pas que, malgré le Plan interministériel de lutte contre les violences faites aux professionnels de santé, et toutes les annonces qui ont été faites, sur le terrain, le compte n'y est pas et on en est très loin."
De son côté, Me Rosa-Salomé Kupper, avocate du sexagénaire, reconnaît également la présence "de violence au sein des cabinets médicaux". Elle estime cependant que son "client ne doit pas servir d’exemple à tout prix".
[Avec France 3]
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