"C’est peut-être la fin de ma carrière aux urgences" : agressé par un patient, ce médecin veut tout arrêter
C’est une violente agression qu’a subi le Dr Ambroise Le Floc’h, médecin urgentiste de 39 ans, samedi dernier, au centre hospitalier de Noyal-Pontivy. Aux alentours de 21h, l’urgentiste rejoint, seul, un de ses patients âgé de 40 ans dans sa chambre. “D’emblée, il avait été agressif, insultant, c’est notre lot quotidien”, relate le médecin dans la presse locale. Le patient présente “des composantes psychiatriques et d’intoxication indéniables”, précise-t-il. “Nous étions dans un box, porte fermée pour l’intimité. Le patient n’était pas attaché. Il m’a sauté dessus, nous sommes tombés, je me suis cogné contre le mobilier”, poursuit-t-il. “Pour le contenir, j’ai dû lui serrer la gorge. L’étrangler. Pour un médecin, c’est affreux d’en arriver là, de se retrouver à être maltraitant”, déplore-t-il. “Cette agression est venue toucher le sens le plus profond de mon engagement. L’institution fait du soignant un maltraitant”, considère l'urgentiste. “Quel sens a mon métier dans ces conditions ?”
L'agression, qui a entraîné la fermeture des urgences ainsi que l'arrêt de la ligne de Smur dans la nuit de samedi à dimanche, "a mis en danger toute une population”, pointe le médecin sur Actu.fr.
Ce n'est pas la première fois que l'urgentiste, qui exerce depuis quinze ans, subit une agression mais il n'avait jamais été la cible d'une telle violence.
Le praticien, qui s'est vu reconnaître une ITT de sept jours, a déposé plainte. Aujourd’hui, il fait part de ses doutes quant à son avenir de médecin. “Reprendre le travail, pourquoi ? Dans les mêmes conditions ? J’en ai marre, je suis fatigué. C'est l’évolution d’un système global qui me dépasse. Il y a eu beaucoup de départs, les gens sont vidés à 35-40 ans. J’ai atteint ma limite. C’est peut-être la fin de ma carrière aux urgences, j’irai vers un autre type de médecine. Je suis surdiplômé, j’ai un sentiment de gâchis énorme.”
"J'ai l'impression de faire de la médecine vétérinaire"
Ambroise Le Floc'h dénonce notamment les conditions de travail “dantesques et inhumaines aussi bien pour les soignants que pour les patients". “J’ai l’impression de faire de la médecine vétérinaire, le mot est dur mais on n’a plus le temps de parler aux gens”, reconnaît le Dr Ambroise Le Floc’h.
Il est un des derniers médecins urgentistes non intérimaires de l’hôpital. “Nous ne sommes plus que trois titulaires, avec des intérimaires pour gérer deux lignes sept jours sur sept. Je ne vois aucune éclaircie. L’ARS reste muette”, termine-t-il.
[Avec ouest-france et actu.fr ]
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