Le Dr Sosthène Munyemana, 68 ans, avait rejoint le sud-ouest de la France à la suite des massacres commis au Rwanda de janvier à juillet 1994. Placé sous contrôle judiciaire, l'ancien gynécologue, aujourd'hui à la retraite, a fait l'objet d'une plainte dès 1995. Il est accusé d'avoir participé au génocide des Tutsis, qui a fait au moins 800 000 morts. Son procès pour génocide, crimes contre l'Humanité, entente en vue de la préparation de ces crimes et pour complicité s'ouvre aujourd'hui, et pour cinq semaines, devant la cour d'assises de Paris. Il risque la perpétuité.
Considéré comme un notable de la région de Butare (sud du Rwanda), Sosthène Munyemana est soupçonné d'avoir contribué à la rédaction d'une motion de soutien au Gouvernement intérimaire institué après l'attentat contre l'avion du président Juvénal Habyarimana, qui a encouragé les tueries. Il est aussi accusé d'avoir participé à un comité de crise ayant mis en place des barrières et des rondes au cours desquelles des personnes ont été interpellées avant d'être tuées. On lui reproche enfin d'avoir détenu la clé du bureau de secteur de Tumba, où étaient enfermés des Tutsis, parfois pendant plusieurs jours et dans des "conditions indignes", selon l'accusation, avant d'être exécutés.
L'ancien médecin conteste l'ensemble des faits et prétend au contraire avoir chercher à protéger les Tutsis à Tumba. "Tout cela ne repose que sur des témoignages et date d'il y a 29 ans", fait valoir l'un de ses avocats, Me Jean-Yves Dupeux. "C'est très difficile de se fonder sur des témoignages sur des faits aussi anciens."
Six hommes ont déjà été condamnés en France pour leur participation au génocide, à des peines allant de 14 ans de réclusion criminelle à la perpétuité. Trois d'entre eux doivent encore être jugés en appel.
[avec AFP]
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