Arrêt des consultations, déprogrammations, grève de la PDSA… "A partir de vendredi 13 octobre, la médecine libérale va s’arrêter"

10/10/2023 Par Aveline Marques
Syndicalisme
"Vendredi 13 octobre sera indiscutablement un vendredi noir", promet l’intersyndicale des médecins libéraux et des étudiants en médecine, qui appelle à arrêter toute activité dans le cadre d’une grève "reconductible". Un mouvement "historique" qui porte deux revendications : la réouverture "urgente" des négociations conventionnelles et la réécriture complète de la proposition de loi Valletoux. Affichant un front uni, les représentants ont décidé de ne pas parler du tarif de la consultation pour ne pas exposer leurs divergences. 

 

"Prenez bien des photos : ce que vous voyez là est historique." Ce mardi 11 octobre, le Dr Philippe Cuq, président du Bloc, parlera seul au nom de ses 11 confrères et futurs confères, responsables des six syndicats représentatifs des médecins libéraux, des étudiants en médecine, des jeunes médecins, des remplaçants et de l’association Médecins pour demain. A 3 jours d’un mouvement de grève qui promet d’être massif, "l’intersyndicale" s’est réunie sur la scène d’un cinéma situé à deux pas de la place de l’étoile, à Paris, un moment qui restera dans les annales de la profession. "Historiquement, les syndicats représentatifs n’ont pas toujours été tous d’accord. Mais là, vous nous avez tous en face de vous, dans un mouvement qui est important, capital, pour l’accès aux soins et pour la population. La crise est historique", relève le chirurgien.  

"On est là pour vous parler d’une situation extrêmement grave", martèle le leader syndical, avant de dresser le panorama d’une médecine libérale en perte d’attractivité, du fait d’un "sous-investissement" qui dure depuis trop longtemps. La précédente convention "devait s’arrêter en 2021, mais elle a été prolongée jusqu’en 2023", rappelle Philippe Cuq. Mais la revalorisation tant attendue n’a pas eu lieu cette année et les 1.5 euro supplémentaires octroyés par le règlement arbitral ne suffiront pas à compenser l’inflation, qui dépasse les 15% sur la période, a-t-il pointé. 

Face à constat, la première demande des grévistes est de rouvrir "de façon urgente" les négociations conventionnelles avec l’Assurance maladie, mais aussi les "organismes complémentaires", insiste Philippe Cuq, afin de dégager "les moyens suffisants" pour soutenir la médecine libérale. Pour préserver l’unité et ne pas exposer au grand jour les divergences, le choix a été fait de ne pas rentrer dans les détails des revendications, notamment tarifaires, des uns et des autres. D’ailleurs, si à l’automne 2022 la revendication d’un C à 50 avait marqué les esprits, cette fois-ci aucun chiffre (ni même une fourchette) ne sera donné face à la presse.  

Seconde exigence : réécrire la proposition de loi Valletoux, dont l’examen va débuter au Sénat à la fin de la semaine. Le texte, "écrit par des bureaucrates", n’est que "contraintes" pour la médecine libérale alors qu’il devrait lui "redonner du souffle". "On demande aux médecins libéraux de prévenir l’ARS 6 mois avant l’arrêt de leur activité, illustre Philippe Cuq. Vous trouvez pas que c’est un peu idiot ? Qu’on devrait dire qu’on veut conserver les médecins seniors sur les territoires et qu’on va tout faire pour qu’ils continuent un peu, 1 ou 2 ans de plus, à temps plein ou à mi-temps, avec des conditions favorables pour maintenir cette offre de soins ? Ça nous parait beaucoup plus intelligent."

 

"Deux millions de patients seront impactés"

Vendredi 13 sera un "vendredi noir", promet ainsi le leader syndical, qui précise que la grève sera "reconductible". "La médecine libérale va s’arrêter, pour donner un signal extrêmement fort aux pouvoirs publics", lance le président du Bloc. "Toutes les activités de consultations, les actes techniques sont déprogrammés. Les urgences seront transférées à l’hôpital public. La PDSA et la PDSES seront arrêtées." Contrairement à l’automne et à l’hiver derniers, il n’y aura pas de manifestation. "La situation est trop grave, explique Philippe Cuq. Je ne crois pas que ça change quelque chose pour le pouvoir politique d’avoir 10 000 ou 20 000 médecins dans la rue… Démontrer les conséquences de notre arrêt d’activité sur la population, ça a, à notre sens, beaucoup plus de poids. (…)  La médecine libérale effectue à peu près 2 millions de consultations par jour : vous avez 2 millions de patients qui seront impactés, plus les urgences."

"Personne n’est pris par surprise, insiste Philippe Cuq. Notre mouvement est prévu depuis des mois. Les alertes ont été multiples, depuis des années." Les grévistes s’attendent néanmoins à faire l’objet de réquisitions. "Les ARS depuis 15 jours enquêtent sur la participation", pointe le leader syndical, qui rappelle que la réquisition se remet "en mains propres" et ne peut porter que sur les "activités médicalement décisives" : PDSA, plateau technique, urgences, maternités… 

"On fait ça un peu la boule au ventre, mais malheureusement on est arrivés à ce stade", déplore le président du Bloc, renvoyant la balle dans le camp du Gouvernement. 

 

5 commentaires
2 débatteurs en ligne2 en ligne
Photo de profil de Petit Bobo
2,3 k points
Débatteur Passionné
Autre spécialité médicale
il y a 1 an
La reprise des négociations est deja annoncée par Fatome et la loi Valletoux est suffisamment floue pour etre contournée. Je trouve ces 2 motivations peu mobilisantes à elles seules. Le seul intérêt
Photo de profil de Alain Guicherd
454 points
Débatteur Renommé
Médecine générale
il y a 1 an
Très bien. Unis, nous irons plus loin !
 
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