La nouvelle a largement suscité le débat hier : la chambre d’instruction de la cour d'appel de Besançon a validé la possibilité pour le Dr Frédéric Péchier de retravailler en tant que médecin, excluant cependant sa spécialité, l'anesthésie. Le praticien, qui clame son innocence, est pourtant mis en examen pour 24 cas d'empoisonnement, dont neuf mortels. Depuis septembre, il est aussi soupçonné de huit nouveaux cas d'empoisonnements potentiels de patients, dont quatre mortels.
Mais le procureur de la République de Besançon a fait savoir, jeudi 12 janvier au soir, qu’il allait contester cette décision. "Je vais saisir le magistrat instructeur d'un alourdissement du contrôle judiciaire", a annoncé lors d'une conférence de presse Etienne Manteaux, estimant qu'il n'était à ses yeux "pas un seul instant envisageable" que Frédéric Péchier, certes "présumé innocent" mais mis en examen, "soit autorisé à exercer la profession de médecin".
C'est toutefois le Conseil de l'Ordre des médecins qui dira in fine s'il peut ou non exercer de nouveau, a précisé la chambre de l'instruction, qui a également allégé son contrôle judiciaire, autorisant notamment le Dr Péchier à revenir dans le Doubs, où résident ses enfants. Il doit en revanche conserver son domicile principal dans la Vienne, où il vit chez ses parents.
Selon le procureur, l'arrêt rendu mercredi constitue une "lecture stricte" et une clarification des "termes utilisés par le juge des libertés et de la détention" (JLD) qui avait laissé Frédéric Péchier libre sous contrôle judiciaire en lui interdisant "d'exercer la profession de médecin-anesthésiste". Une formulation qui avait depuis été entendue par "tout le monde" comme "une interdiction générale d'exercer la profession de médecin", notamment par le suspect et ses conseils qui avaient donc saisi la chambre de l'instruction pour pouvoir de nouveau exercer la médecine.
Il s'agit d'une affaire "hors norme en tous points" et "très complexe mais il faut qu'elle s'achève et je peux vous assurer que nous en sommes tous bien conscients", a-t-il insisté, évoquant comme objectif de clore l'information judiciaire "à l'été 2023" [elle a débuté en 2017, NDLR]. Une date qui "va beaucoup dépendre évidemment de la défense" du médecin, en fonction des demandes d'expertise ou de contre-expertises qu'elles pourraient demander, a nuancé le procureur.
La totalité des expertises devrait en effet être rendue au début du mois de février et Frédéric Péchier est convoqué par le juge d'instruction en mars pour "neuf interrogatoires successifs", notamment autour de huit nouveaux cas d'empoisonnements pour lesquels il est soupçonné.
[avec AFP]
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