Développement de l'exercice coordonné : vers la fin d'une "aberration" ?
« Une aberration » qui doit « disparaître à l’horizon de janvier 2022 ». Voilà comment Emmanuel Macron parlait de l’exercice médical isolé en septembre 2018 en présentant la stratégie «Ma santé 2022», qui a guidé la première partie de son premier quinquennat. L’échéance est arrivée, et bien que l’exercice isolé ne soit pas encore à ranger sur les étagères des musées, une chose semble claire: l’exercice coordonné a le vent en poupe et il sera la boussole des années à venir. C’est ainsi qu’AvecSanté, la fédération qui rassemble l’ensemble des maisons de santé du territoire, a pu présenter cet automne des chiffres encourageants : en septembre dernier, 2 127 MSP étaient en fonctionnement sur le territoire, et 7 millions de patients ont déclaré en 2021 un médecin traitant exerçant dans une MSP. Couverture du territoire La dynamique est d’autant plus du côté de la coordination que la maison de santé n’en constitue que l’un des niveaux, celui de la patientèle. À l’échelle territoriale, on observe un mouvement parallèle, avec le déploiement des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). « Le gouvernement l’a annoncé : 2023 doit être l’année où l’ensemble du territoire doit être couvert par les CPTS, rappelle David Guillet, infirmier libéral et président de la Fédération des CPTS (FCPTS). Cela doit se traduire par une accélération des appuis de la part des CPAM et des ARS. » Au 30 novembre dernier, la FCPTS relevait 738 CPTS sur l’ensemble du territoire, dont 361 en fonctionnement (contrat ACI signé). Au-delà de son expansion géographique, le mouvement des CPTS est par ailleurs en train de se structurer. « Nous travaillons par exemple à la constitution d’inter-CPTS pour dialoguer avec les groupements hospitaliers de territoire », poursuit David Guillet, qui se réjouit de voir que les CPTS peuvent désormais apporter des résultats concrets aux patients. « Dans le Grand Douai, par exemple, la CPTS a mis en place un numéro unique pour les soins non programmés, et a réussi à se faire connaître de la population et à aider l’hôpital à retrouver sa mission de gestion des vrais urgences », illustre-t-il. Un point qui constitue pour lui désormais l’enjeu de l’année qui s’ouvre : montrer aux usagers que lorsque les professionnels se coordonnent sur leur territoire, c’est leur santé qui s’en trouve améliorée.
Début 2022, 69% des médecins généralistes libéraux qui ont au moins quatre ans d’ancienneté déclarent exercer en groupe au titre de leur activité principale, précise une étude de la Drees publiée le 26 octobre. Une «progression» depuis 2010 carcela concernait 54% des MG fin 2010 et 61% début 2019, précise l’instance. Largement plébiscité par les médecins âgés de moins de 50 ans – 87% contre 75% pour les 50-59 ans et 53% pour les 60 ans ou plus – et les femmes (80%), ce mode d’exercice s’est imposé au cours de la carrière professionnelle : 22% des médecins qui exerçaient seuls en 2019 font partie d’un cabinet de groupe trois ans plus tard. Si 29% des MG exercent en groupe monoprofessionnel, cette modalité d’exercice devient moins fréquente : ils étaient 34% en 2019, dont la majorité se regroupent dans des cabinets composés uniquement de généralistes. A contrario, l’exercice en groupe pluriprofessionnel concerne 40% des MG en 2022, soit près de 60% des médecins installés en groupe, alors qu’ils étaient moins de la moitié en 2019.
K.R
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