Décidément, la liberté d’installation des médecins a du souci à se faire. Au lendemain de la diffusion du nouveau numéro de Cash Investigation, qui la juge responsable des déserts médicaux, le député PS de Mayenne, Guillaume Garot, qui intervient d’ailleurs dans le magazine d’Elise Lucet, publie une tribune dans Le Monde dans laquelle il suggère trois mesures pour améliorer l’accès aux soins des Français, dont le très controversé conventionnement sélectif des médecins. Pour le député, il y a en effet urgence, car le système de santé "craque de toutes parts". Un délitement que la crise sanitaire a révélé au grand jour. "La crise sanitaire a révélé l’engagement sans faille des médecins et des soignants, et les limites d’un système aujourd’hui au bord de l’implosion. Les mesures d’hier ne suffiront pas à répondre aux urgences d’aujourd’hui et aux défis de demain", alerte Guillaume Garot, qui note que les "inégalités d’accès aux soins ne sont plus supportables". "Les solutions qui ont été conçues depuis des années n’ont pas produit les effets attendus, assure-t-il. Et comment pourrait-il en être autrement, lorsque des lits ont été supprimés par dizaines de milliers dans les hôpitaux – sous tous les gouvernements –, lorsque les conditions de travail usent les vocations les mieux chevillées et lorsque les politiques, pour garantir la présence médicale libérale dans les territoires sous-dotés, se sont limitées à des incitations financières aussi peu efficaces que coûteuses pour l’Etat et les collectivités ?" A l’approche de l’élection présidentielle, il appelle ainsi à "refonder le contrat entre la nation, ses médecins et ses soignants". Dans son viseur : la révision de la liberté d’installation des médecins : "des médecins mieux présents et mieux répartis, c’est une pression qui s’allège sur les urgences, et des conditions de travail qui s’améliorent pour tous les soignants", fait-il valoir.
Guillaume Garot reconnaît toutefois qu’il n’y a pas de "solution miracle" pour mettre fin aux déserts, mais suggère "un ensemble d’actions qui devront être articulées entre elles" :
- Le conventionnement sélectif : "Dans les zones les plus largement dotées en présence médicale, l’Assurance-maladie n’agréera l’installation d’un nouveau médecin qu’au départ d’un autre", explique-t-il ;
- L’obligation d’exercice temporaire dans les zones sous-denses pour les nouveaux médecins - "qui concernerait les étudiants en dernière année d’internat et serait prolongée durant les deux années suivant l’obtention du diplôme". Avec "un mode d’exercice souples : libéral, salarié ou en temps partagé entre l’hôpital et le cabinet" ;
- La préparation des futures générations de médecins, "qui devront être issues de tous les territoires et tous les milieux sociaux". Il propose notamment de créer une bourse pour les lycéens "permettant de financer son autonomie contre un engagement à exercer là où on aura besoin d’eux, dans leur région d’origine".
Des mesures qu’il appelle à mettre "en débat public". Le 20 janvier, sera discutée à l’Assemblée nationale sa proposition de loi d’urgence contre la désertification médicale. Y sera bien sûr intégré le conventionnement sélectif des médecins.
Malgré le soutien des députés de la gauche et de l’UDI, notre proposition de Loi d’urgence contre la désertification médicale a été rejetée en Commission.
— Guillaume GAROT (@guillaumegarot) January 12, 2022
Désolant refus de la majorité d’envisager toute solution nouvelle.
Rdv dans l’Hémicycle le 20 janvier en séance publique ! pic.twitter.com/fHZbsQU5Ph
[avec Le Monde]
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