Un collectif de médecins appelle à protéger les enfants à l'approche de la rentrée scolaire

19/08/2021 Par Louise Claereboudt
Santé publique
A moins de quinze jours de la rentrée scolaire, une trentaine de médecins et chercheurs signent, ce jeudi 19 août, une tribune dans Le Monde dans laquelle ils appellent à protéger la santé des enfants face à la contagiosité du variant Delta et réclament une "action ferme". Dans la foulée, le ministre de l'Education nationale a dévoilé les contours du protocole sanitaire dans les établissements scolaires, qui sera de niveau 2.

Alors que les enfants s'apprêtent à reprendre le chemin des classes, un collectif d'une trentaine de médecins et chercheurs - dont le Dr Marty, l'épidémiologiste Dominique Costagliola ou encore l'infectiologue Gilles Pialoux - appelle à protéger la santé des élèves face à la contagiosité du variant Delta, majoritaire en France. En effet, selon les experts, ce variant du Covid se propage "à grande vitesse" dans cette population. "Au Royaume-Uni, il s’est principalement diffusé à partir des enfants : plus d’un million d’élèves ont été absents au cours du dernier mois d’école. Aux Etats-Unis, 121.000 cas d’enfants et d’adolescents ont été rapportés la seule semaine dernière", expliquent-ils dans une tribune qu'ils publient ce jeudi 19 août dans Le Monde. En France, nombre de clusters dans les centres aérés ou colonies de vacances ont également été signalés cet été. "Le taux d’hospitalisation des 0-19 ans augmente dans les pays où le variant Delta est majoritaire [...] En France, au cours de l’année écoulée, 1,2 % des 0-9 ans testés positifs ont été hospitalisés et le nombre d’hospitalisations est aujourd’hui le double de celui de l’année dernière à la même date, celui des 10-19 ans, le quadruple", s'inquiètent-ils, ajoutant que "le Covid-19 peut aussi entraîner des complications à long terme". Alors que des pédiatres et sociétés savantes ont appelé à protéger davantage les moins de 12 ans aux Etats-Unis, au Canada, en Inde, au Royaume-Uni, en Italie, etc., médecins et scientifiquent souhaitent à leur tour, à travers cette tribune portée par le collectif Du Côté de la science, "tirer la sonnette d'alarme".

  Campagne de vaccination dans les collèges et lycées "Des mesures efficaces de prévention des contaminations doivent être adoptées dès la rentrée", prévue le 2 septembre, estiment les signataires. Le protocole publié le 28 juillet dernier a défini quatre niveaux de mesures sanitaires : "il faut, sans plus tarder, définir leur niveau territorial d’application, les indicateurs épidémiologiques, ainsi que les seuils déclenchant le passage d’un niveau à l’autre", recommandent premièrement ces experts. "Il nous apparaît aujourd’hui impensable d’envisager une reprise au 'niveau 2' du protocole sanitaire, alors que le taux d’incidence chez les 0-19 ans est cinq fois supérieur à celui de la rentrée 2020.' Le masque ne devrait également pas être retiré en école élémentaire, ajoutent-ils. Et la fermeture des classes dès le premier cas identifié dans ces établissements "devrait être étendue à tous les niveaux". Le protocole ne tient par ailleurs pas suffisamment compte de la prévention de la transmission par aérosols "en dépit d’un virus plus fortement transmissible". "Les fenêtres doivent être bien plus fréquemment ouvertes et la recommandation d’équiper les établissements de détecteurs de CO2 ne peut suffire : cela doit être la règle. Aucune mesure ne vise les cantines, le recours à des purificateurs d’air n’est même pas mentionné." Les signataires, selon qui "l’école ne doit pas rester le talon d’Achille de la stratégie sanitaire" après un an et demi de pandémie, pointent d'autres dysfonctionnements comme le sport en intérieur autorisé jusqu'au niveau 3 (correspondant à une circulation virale importante), "l'absence d'une véritable stratégie de dépistage" ou encore le fait que "la distanciation continue d’être promue 'lorsqu'elle est matériellement possible'", déplorent-ils. Ce dimanche 22 août, dans le Journal du Dimanche, le ministre de l'Education nationale a dévoilé les contours du protocole sanitaire dans les écoles, qui sera de niveau 2, au grand dam des...

signataires de la tribune. Le Gouvernement prévoit de maintenir les cours en présentiel dans tous les niveaux. L'objectif : "avoir la rentrée la plus normale possible". En primaire, les classes seront toutefois fermées dès la découverte d'un cas de Covid. Dans les collèges et lycées, les7 jours d'isolement réglementaire ne seront pas obligatoires pour les jeunes vaccinés (une attestation parentale sera requise). Le masque sera obligatoire en classe dès l'école primaire. Le sport sera autorisé en intérieur. Néanmoins, le ministre a déclaré que les professeurs étaient invités à éviter les sports de contact. Le pass sanitaire ne sera pas nécessaire pour les sorties scolaires, sauf si les élèves sont mélangés avec d'autres publics dans des lieux où il est en vigueur. Auquel cas, les élèves non vaccinés devront présenter le résultat d'un test négatif. Des précisions seront apportées prochainement concernant les tests, qui seront bientôt payants. Concernant les détecteurs de CO2, le ministre a indiqué vouloir les "généraliser", mais l'achat de ces détecteurs sera de la responsabilité des régions. L'Etat prévoit par ailleurs de lancer une vaste campagne de vaccination dans les collèges et lycées. Celle-ci débutera dès la rentrée à destination des plus de 12 ans et des personnels des établissements. "Selon les situations, soit des équipes mobiles viendront vacciner dans les établissements, soit nous organiserons le déplacement des élèves volontaires, en lien avec les services de santé, vers les centres de vaccination." A ce jour, d'après le ministre Jean-Michel Blanquer, environ 55% des 12-17 ans ont reçu au moins une injection. Interrogé sur les inquiétudes de certains enseignants et médecins, et notamment sur la tribune parue dans Le Monde, le ministre a déploré que "ce texte tente de faire croire que l’école aurait été le talon d’Achille de la gestion de crise, alors qu’elle a été un point fort de la France".

[avec Le Monde et le Journal du Dimanche]

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

François Pl

François Pl

Non

Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus

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