Des infirmières praticiennes "généralistes" en premier recours : la proposition choc du rapport Chapelier
La crise du Covid aura permis de souligner "le manque de reconnaissance" dont souffrent les professionnels de santé, et "plus particulièrement les professions paramédicales", "dont les conditions d’exercice et de rémunération sont loin d’être à la hauteur de leur utilité sociale", souligne Annie Chapelier, députée Agir et infirmière anesthésiste (Iade) de profession, dans un rapport d'information consacré à la formation des paramédicaux qu'Egora a pu consulter. Pour la parlementaire, c'est par la formation que passe nécessairement la "valorisation de ces métiers", en "perte d'attractivité". Une "crise des vocations" qui, à terme, menace le système de santé, souligne-t-elle. Constatant que "l’universitarisation des études paramédicales [est] loin d'être achevée" et que les référentiels d'activités et les compétences de ces professionnels ne sont plus toujours "adaptés" (la formation des opticiens n'a pas évolué depuis 1998, par exemple), Annie Chapelier propose d'achever l'intégration de ces formations dans le système LMD en octroyant à toutes les formations Bac+3 un grade de licence et à toutes les formations Bac+5 un grade de master, en portant à trois ans les formations actuellement prévues en deux ans (techniciens de laboratoire, opticiens, diététiciens) et en allongeant à cinq ans la formation des psychomotriciens, qui se verraient ainsi conférer le grade de master.
Soulignant le retard français en la matière, la députée plaide pour une refonte des pratiques avancées, en appliquant le "modèle retenu par le Conseil international des infirmiers et en vigueur dans de nombreux pays", qui distingue deux catégories d'IPA : les infirmières praticiennes, "dont la particularité est d’être généralistes et de pouvoir intervenir en premier recours auprès des patients", et les infirmières cliniciennes "dont l’expertise est centrée sur un champ ou domaine d’intervention spécialisé". Les Iade et les infirmières de bloc (Ibode) seraient logiquement intégrées à cette seconde catégorie. La députée propose en outre d'étendre la pratique avancée avec trois nouveaux champs d'intervention pour les infirmières -santé scolaire, santé au travail, gériatrie/soins palliatifs- et recommande d'étudier "l'opportunité de développer la pratique avancée pour de nouveaux métiers" (opticiens, orthoptistes, manipulateurs radio). La rapporteure insiste enfin sur le fait que "la création de toute nouvelle profession de santé, et notamment d’une éventuelle profession médicale intermédiaire, ne pourra être envisagée sans éclaircir, d’abord, le paysage des professions paramédicales existantes".
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