"Le nombre de décès directement associés à l'épidémie de Covid-19 ne peut être déterminé précisément à cette étape", conclut Santé publique France dans une étude portant sur la surveillance de la mortalité en France entre le 2 mars et le 31 mai. Au cours de cette période, 18.861 décès dans les hôpitaux et 10.335 décès dans les Ehpad et les établissements médicaux sociaux ont été officiellement comptabilisés comme liés au coronavirus, soit un total de 29.186 (le chiffre a, depuis, dépassé les 30.000). Mais l'agence sanitaire souligne que cette évaluation "est susceptible d'être surestimée" car certains décès comptés en Ehpad étaient des "suspicions de Covid-19". "En l'absence de tests PCR systématiques, certains décès déclarés ont probablement été à tort associés" au Covid-19, souligne l'étude.
Ses auteurs ont également analysé les chiffres de la mortalité toutes causes confondues, provenant des bureaux d'état-civil, pour estimer "l'excès de mortalité" attribuable à l'épidémie pendant ces trois mois. "Entre le 2 mars et le 31 mai 2020, un peu plus de 175.800 décès toutes causes confondues ont été estimés sur le territoire national. Ce nombre est supérieur de 25.030" par rapport au nombre attendu de décès, estimé à partir des observations des années précédentes, détaillent-ils. Mais l'estimation du nombre attendu de décès est aussi difficile à établir, avertissent les chercheurs, car la "période épidémique a produits plusieurs effets simultanés" sur la mortalité, difficiles à quantifier. A la hausse de mortalité directement liée à l'épidémie s'est en effet ajoutée une augmentation consécutive à "des retards de prise en charge" médicale, "au contexte anxiogène des conséquences sanitaires et économiques de l'épidémie, ou à l'isolement de personnes fragiles et âgées". Cette période s'est aussi traduite par une baisse de la mortalité en raison de la réduction des déplacements et des activités pendant le confinement (accidents de la route, accidents professionnels...) "Seules les données exhaustives des causes médicales de décès, collectées à partir de l'ensemble des certificats de décès, électroniques et papier, permettront de quantifier précisément l'excès de mortalité associé à l'épidémie", estime Santé publique France, précisant que la collecte et le traitement des certificats de décès papier "nécessitent plusieurs mois" et qu'ils "ne pourront pas être analysés avant fin 2020". Ce constat plaide pour "l'urgence de généraliser l'utilisation de la certification électronique des décès", "disponibles de façon réactive", réclame l'agence sanitaire. Ce mode de certification "n'était utilisé, début 2020, que pour 20% de la mortalité nationale, avec une forte hétérogénéité régionale", précise-t-elle. [Avec AFP]
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