Il y a deux semaines, le Dr Hamon confiait à Egora avoir été testé positif au Covid-19, après une consultation à domicile chez l’un de ses patients diabétique, également touché par le coronavirus. Depuis, lecteurs d’Egora, vous avez été nombreux à nous demander de ses nouvelles.
“C’est très sympa”, sourit Jean-Paul Hamon, à peine remis. “Je suis malade depuis 13 jours et ça n’a pas été drôle tout le temps”, explique-t-il. “Pendant deux jours, je me suis d’abord dit que c’était quelque chose de pas très important et que ça allait. Le troisième et quatrième jour, pareil. Le cinquième jour, je n’étais pas très bien et du coup j’ai commencé à vouloir prendre le traitement miracle, le Plaquenil, explique-t-il. Mais pendant deux jours et demi, je n’ai absolument rien pu manger : j’étais très malade, très nauséeux. J’ai déclaré forfait et j’ai arrêté. J’ai dit ‘stop, ce n’est pas pour moi’”.
Une semaine après avoir été testé positif, alors qu’il devait normalement reprendre les consultations, il est pris de violentes fièvres. “Au septième jour, le soir, j’ai commencé à avoir une fièvre de cheval, sûrement plus de 39,5. J’ai carrément trempé mon lit, j’ai finalement dû dormir sur des draps de bain pour éponger”, relate-t-il.
Le lendemain, rien ne s’arrange : “Le huitième jour, je me suis d’abord senti mieux et puis finalement, la température est remontée. Je me suis méfié d’entrée de jeu et j’ai dormi sur des serviettes. J’ai aussi préparé deux t-shirts qui se sont retrouvés tellement...
trempés qu’ils étaient à essorer. J’ai fait comme ça trois soirs de suite.”
“Bien incapable de consulter dans cet état”
Revenant sur le premier arrêt de sept jours, Jean-Paul Hamon explique qu’il aurait été “bien incapable” de consulter dans cet état. “Sept jours, c’est ce que m’a dit l’infectiologue de l’hôpital de jour de Béclère, quand j’ai été dépisté. Peut-être que c’est parce qu’ils pensent qu’il faut retravailler très vite comme on a besoin de tout le monde”, suppose le praticien.
“Depuis deux jours, là, je suis peinard”, reprend-il en se voulant rassurant. “Je recommence donc à consulter lundi. Je fais des petites sorties masquées. La situation est un peu complexe, comme tout le monde sait que j’ai été malade, s’ils me voient avec mon masque je vais me prendre des réflexions !” plaisante-t-il.
Essai clinique de la Carmf sur des médecins volontaires
Alors que la Carmf vient de proposer un essai clinique de l’hydroxychloroquine (Plaquenil) sur les médecins libéraux atteints par le Covid-19 et volontaires, Jean-Paul Hamon ne rejette pas l’idée. “Je me dis que les médecins savent au moins ce qu’ils prennent, connaissent les contre-indications. Après tout, pourquoi pas, cela pourrait peut-être permettre d’éviter que des patients prennent ce médicament sans aucun contrôle, estime-t-il. Car à partir du moment où il y a des gens qui volent des masques et des caducées, il y en aura forcément qui voudront vendre sous le manteau du Plaquenil comme médicament miracle. Même si tout le monde espère que le Pr Raoult ait raison, il faut se méfier car il y a beaucoup de contre-indications, notamment cardiaques. Et les effets secondaires, comme les nausées que j’ai eues, sont loin d’être sympas, je vous le garantis !”
Pour l’aider pendant son arrêt, Jean-Paul Hamon a pu compter sur deux remplaçants et une interne. Quant à une aide financière pendant son arrêt, il reconnaît ne pas avoir eu la force de s’y atteler. “Mon associée contaminée a essayé d’appeler le numéro de la Sécu, elle a passé plus de 3 heures pour essayer d’avoir quelqu’un et a fini par écrire un mail. On lui a répondu qu’elle serait indemnisée à partir du 24 mars alors qu’elle est arrêtée depuis le 16 mars”, explique-t-il avant de partager une dernière inquiétude. "Mine de rien, l’entreprise libérale est en danger : on commence à avoir de la sous-activité, il faut payer le secrétariat, payer la Carmf et l'Urssaf. On ne sait pas bien comment faire.”
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