Cinq jours après l’incendie de l’usine Lubrizol, à Rouen, et alors que les habitants craignent pour leur santé, des nombreux prélèvements et analyses ont été réalisées par les autorités. Que disent les résultats ? Egora fait le point. Jeudi 26 septembre, aux alentours de 2h30 du matin, un incendie s’est déclaré au sein de l’entreprise Lubrizol, située à Rouen (Seine-Maritime). Une entreprise classée SEVESO seuil haut, qui produit notamment des additifs pour l’huile. Les images avaient de quoi impressionner, les flammes dégageant d’importantes fumées noires dans le ciel.
VIDÉO : les bruits impressionnants des explosions alors qu’un incendie est en cours dans l’usine Seveso Lubrizol à Rouen. Pas de victimes mais un énorme panache de fumée noire pic.twitter.com/RwVEPsgwJn
— France Bleu Normandie (Seine-Maritime, Eure) (@fbleuhnormandie) September 26, 2019
Incendie #Lubrizol #Rouen vu depuis Bihorel pic.twitter.com/XQXlyhuAkD
— Laurent Bizet (@Borgodini) September 26, 2019
Merci l’incendie de Rouen pic.twitter.com/p41xdc4isf
— slt (@lovojka) September 26, 2019
Immédiatement, un centre opérationnel départemental a été mis en place et des études ont été réalisées, notamment pour s’assurer de la qualité de l’air. “Elles n'ont pas fait apparaître de toxicité aiguë sur les principales molécules que nous suivons”, affirmait le préfet de Seine-Maritime, Pierre-André Durand, au matin de l’incendie. Par mesure de sécurité, en attendant ces résultats, les établissements scolaires et les crèches avaient été fermées et les habitants des communes situées à proximité, confinés. Une fois l’incendie maîtrisé, plusieurs autres prélèvements ont été réalisés. La préfecture de Rouen a mis en ligne sur son site les résultats déjà obtenus à ce jour. Qualité de l’air habituelle D’après les autorités, il n’y donc aucun risque de toxicité de l’air. Pendant l’incendie, les pompiers ont prélevé des gaz sur et autour du site Lubrizol. Selon Atmo Normandie, chargé d’étudier les échantillons, les résultats sur les composés organiques volatiles montrent un état habituel de la qualité de l’air sur un plan sanitaire. Exception faite du site lui-même, où la présence de benzène a été relevée. La préfecture reconnaît tout de même qu’indépendamment de la qualité de l’air, “une odeur persistante demeure”. Pour réaliser des analyses précises, Atmo Normandie a installé six collecteurs de retombées atmosphériques, qui ont été positionnés sous la trajectoire des vents. Retombées de suies et présence de plomb La préfecture a rendu publique une série de six prélèvements de surfaces sur les suies effectués le 26 septembre. D’après leurs conclusions, il n’y a aucune différence entre un prélèvement témoin situé hors du panache et les cinq autres situées sous le panache. D’autres prélèvements ont été réalisés dans l’après-midi et ont confirmé ces résultats. “On note une présence de plomb en certains endroits, étant précisé qu’il peut s’agir d’une source historique qui ne soit pas due à l’incendie car l’entreprise n’utilise pas ou n’avait pas de dispositif de plomb alors qu’en zone urbaine il peut y avoir d’emblée des traces de plomb”, a néanmoins expliqué le préfet lors d’une conférence de presse. “Des mesures complémentaires sont en cours”. Leurs résultats devraient être connus en début de semaine. Les autorités confirment également la présence d’amiante dans la toiture des bâtiments qui ont brûlé. Un programme de mesures de fibres dans l’air a donc été engagé dans le site, sur un rayon de 300 mètres. D’après le communiqué de la préfecture, le risque concernant la dispersion de fibres d’amiante est moindre, du fait de “l’effondrement rapide de la toiture”. Doutes sur la qualité de l’eau Depuis dimanche 29 septembre, plusieurs habitants de l’agglomération rouennaise partagent des photos et vidéos virales sur les réseaux sociaux d’un filet d’eau grisâtre coulant du robinet Une fausse consigne du CHU de Rouen appelant à ne pas boire au robinet est également rependue, suscitant des interrogations.
Heureusement qu'on nous a dit que l'eau est potable à Rouen pic.twitter.com/CbY7llEUw2
— Ben (@Benlecointe) September 29, 2019
Selon les autorités, la pollution de la Seine n’est pas un problème puisqu’on ne ponctionne pas son eau pour la consommation.
— Marcel Aiphan (@AiphanMarcel) September 30, 2019
Le problème, c’est qu’évidemment les pluies noires s’infiltrent dans la nappe phréatique...#Rouen #Lubrizol #Ruissellement pic.twitter.com/fyriultZhU
Suite à la publication de ces images, la préfecture de Rouen a précisé dans un nouveau communiqué que seuls deux signalements avaient été effectués. L’ARS a mené de nouvelles investigations dans les collectivités concernées, mais les signalements “n’ont pas été confirmées”. Elle assure que l’eau du robinet peut être consommée sans risques pour la santé en Seine-Maritime, y compris dans les secteurs qui ont été directement concernés par les fumées, l’alimentation en eau provenant de captages d’eau souterraine et non de la Seine. La responsable du pôle santé-environnement de l'ARS Normandie précise par ailleurs que le faible nombre de signalements tend à démontrer qu'il s'agit de problèmes "localisés à des habitations" et non liés au réseau d'eau potable. Un numéro vert (0800 021 021) a été mis en place par la métropole de Rouen pour signaler toute anomalie sur le réseau d'eau potable.
Par ailleurs, la Métropole rappelle que les réseaux de distribution d’eau potable sont interconnectés et sécurisés de manière à pouvoir isoler toute nappe potentiellement impactée et ainsi assurer la distribution de l’eau potable au robinet des usagers.
— Métropole Rouen Ndie (@MetropoleRouenN) September 30, 2019
L’ARS précise que des analyses ont été réalisées par un laboratoire indépendant le 26 septembre sur les réservoirs d’eau potable de l’agglomération ainsi que le lendemain de l’incendie dans la commune de Morgny la Pommeraye, située à 25 kilomètres de l’usine Lubrizol. Bilan : “aucune trace de contamination n’a été relevée. L’eau distribuée sur les 71 communes de la Métropole Rouen Normandie est potable". Attention aux fausses nouvelles "Des effets dangereux pour la santé à court terme ne sont pas à exclure", a affirmé un "communiqué" diffusé sur Facebook avec deux en-têtes très officiels de la préfecture de Seine-Maritime et de l'ARS, qui met en garde contre une "toxicité aiguë" des fumées résultant de l'incendie. Il est partagé par de nombreux internautes. Problème, il est truffé de fautes, ce qui met la puce à l'oreille de certains. Et si cela ne suffisait pas, il arbore le logo de la préfecture de Seine-Maritime... mais liste le contact presse de celle des Hauts-de-France. Enfin, il va complètement à l'encontre d'un autre communiqué diffusé par le compte officiel de cette dernière, qui affirme que les effets du nuage "peuvent se révéler irritants et odorants mais sans toxicité aiguë".
#lubrizolrouen
— Préfet de la Seine-Maritime (@Prefet76) September 27, 2019
!! Attention!!
>> De fausse informations circulent
>> les auteurs agissent en publiant de faux documents usurpant les logos de l'Etat.
De même, une photo circulant montre une multitude de cadavres d’oiseaux jonchant une chaussée. La légende qui l’accompagne est en réalité fausse. Ces volatiles sont décédés en janvier 2011, sur une route de Louisiane à cause d’un choc selon les autorités de l’époque. Aucun rapport, donc, avec l’incendie de Lubrizol. Recommandations Pour ce qui est du contact avec les suies, la préfecture recommande de bien se laver de main et de procéder à un nettoyage régulier des jouets et objets personnels d’enfants, comme les doudous. En ce qui concerne la consommation de fruits et légumes touchés par les suies, il est recommandé de ne pas y toucher. Des mesures conservatoires ont été prises à propos des productions agricoles. Les productions végétales qui n’ont pas été récoltées doivent ainsi être laissées en l’état. Les autres produits, tels que le lait, les oeufs de plein air et le miel doivent être consignées par les exploitants “jusqu’à obtention de garanties sanitaires sur les productions”. Le non-respect de cette consignation est passible de deux ans de prison et d’une amende de 300 000 euros d’amende.
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