Dans une chronique publiée dans We Demain, Laurent Alexandre dresse la liste ses "plus grosses conneries". Et l'avenir de la médecine figure au chapitre de ses boulettes : ayant longtemps cru que les médecins allaient s'emparer du big data, l'éminent futurologue est désormais persuadé que la médecine artisanale va mourir. Amen.
"La médecine personnalisée sera notre tombeau." C'est Laurent Alexandre qui le dit mais cette fois, promis, c'est pesé au millimètre. Le chirurgien-futurologue, coutumier des prédictions fracassantes, a entrepris de faire son mea culpa dans le magazine WeDemain. "Le futur est vertigineux et imprévisible", prévient-il. "Par conséquent, nous, les futurologues, allons dire beaucoup d'âneries." Le fondateur de Doctissimo, actuellement président de la société de génomique DNAVision, revient sur une prédiction qu'il place désormais en bonne place au rang de "ses plus grosses conneries" : non, les médecins ne seront pas au cœur de la médecine personnalisée. "Nous pensons que le rôle du médecin va rester prépondérant", écrivait en 2011 l'auteur de La Mort de la mort. "Les tests génétiques en vente directe sur Internet vont continuer à se développer, mais les thérapies géniques élaborées sur Internet ou dans sa cuisine ont leur limite. Le rôle du médecin ressemblera de moins en moins à celui que nous connaissons, mais il restera au cœur du système de santé."
Sur le chemin de Damas
Las, l'optimisme a fait long feu. Avec le recul des ans, Laurent Alexandre estime avoir péché par orgueil. "J'ai espéré que les médecins allaient embrasser la révolution génomique lorsque le prix du séquençage ADN s'est effondré", expose-t-il dans les colonnes de WeDemain. "En réalité, nous, médecins, sommes dans l'incapacité de traiter ces montagnes de données." Fini le technomédecin, le pouvoir s'offrira donc aux seules mains des Gafami, ce sextet appelé à dominer le monde par la technologie : Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft et IBM. "Les médecins signeront des ordonnances qu'ils n'auront pas conçues, ce qui signera la mort de la médecine artisanale", tranche Laurent Alexandre, qui n'a pas renoncé aux oracles. "J'imaginais un plus beau destin pour ma profession", conclut-il, fataliste. "Il faut se méfier de son égo corporatiste."
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