Plus gros prescripteurs de la région, les médecins du CHU de Rennes ont dû revoir entièrement leurs pratiques en matière de transport sanitaire. Avec succès : l'établissement a réussi à faire plus en dépensant moins.
"On revient de très très loin", s'exclame le Dr David Travers, vice-président de la CME du CHU de Rennes. Plus gros prescripteur d'Ille-et-Vilaine et des départements limitrophes, l'établissement générait à lui seul près de 20.3 millions d'euros de dépenses de transport sanitaire en 2015. Des sommes "indolores" pour les finances du CHU mais qui pèsent sur le budget de l'assurance maladie (40 millions d'euros de remboursement transport pour la CPAM 35). A l'heure où l'on parle de transférer l'enveloppe du transport sanitaire aux établissements hospitaliers, le CHU de Rennes a pris les devants et entrepris un "virage idéologique" qui a pris la forme d'un Caqes, signé avec la CPAM et l'ARS. Ne plus signer sans se poser de question Pour battre en brèche toutes les idées reçues des quelques 1000 médecins du CHU, pas moins de 150 réunions ont été organisées dans les unités en un an. "Avant, les patients se présentaient à la convocation de l'hôpital en transport et pour la grande majorité d'entre nous, nous faisions la prescription à l'arrivée", admet le Dr Travers. Désormais, les praticiens sont censés établir la prescription en amont, lors de la consultation précédente. "Il a fallu s'adapter, ce n'est pas facile dans le flux des consultations. C'est aussi du temps d'explication pour les patients", souligne le médecin. Autre changement pour les praticiens : ne plus signer sans se poser la question du mode de transport le plus adapté. ALD ou non, "si la personne peut faire tous ses actes de la vie quotidienne, elle ne relève en aucun cas d'une prescription de transport", relève le psychiatre, qui appelle d'ailleurs à "proscrire le terme bon de transport". Les efforts ont payé : en 2016, les dépenses de transports remboursées au CHU de Rennes ont diminué de 1.3%, alors que les prévisions tablaient sur une augmentation de 4.6%. De façon surprenante, le nombre de patients transportés a augmenté de 3.3%. "En remettant le sujet dans la discussion, on a redistribué les billes : le transport n'est plus automatique pour les patients qui le demandent mais peut être proposé à d'autres", s'enthousiasme le vice-président de la CME. Reste un défi de taille, celui de d'"étaler" les admissions et sortie d'hospitalisation, pour régler les problèmes de disponibilité des transports… et des lits. S'il était "primordial d'agir au CHU étant donné les enjeux financiers", la CPAM ne s'est pas arrêtée là. "Nous avons écrit à tous les médecins du département pour leur rappeler les règles et nous avons diffusé un petit mémo d'aide à la prescription, précise Claudine Queric, directrice de la caisse. Il faut sans cesse recommencer."
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