L’horreur ! Ces dernières semaines, trois internes sont décédés. Un garçon, interne en médecine générale, a été fauché après un malaise cardiaque, une jeune femme, toujours en médecine générale, a perdu la vie en rentrant en voiture d’un stage en maison de santé pluriprofessionnelle. Et le troisième cas est un suicide. Et ce suicide qui touche une jeune femme interne en dermatologie porte à dix le nombre d’internes qui se sont donné la mort en une année. Constat atroce qui ne peut laisser personne indifférent car la proportion de passages à l’acte « réussis » parmi les internes est bien supérieure à la moyenne de la population générale à cet âge. Et on voudrait, en plus, leur interdire de s’installer là où ils veulent ? Car que voit-on ? Des députés, forts de leur bon droit et surtout à l’écoute de leurs futurs électeurs, qui présentent des propositions de loi visant à contraindre la liberté d’installation dans nos territoires, se justifiant toujours par la "gratuité" des études de médecine ou le remboursement des actes par la collectivité. "Que ces députés s’interrogent sur la situation qu’ils ont contribué à créer, s’est récemment insurgé le Dr Luc Duquesnel, le président des généralistes de la Csmf. Mais il n’y a aucun mea-culpa. Juste des contraintes. Aucune proposition pour rendre la spécialité plus attractive…" Contraindre, encore et toujours, alors qu’il a été démontré que chaque poste tenu par un interne permet aux hôpitaux publics d’économiser le coût d’un médecin salarié, soit près de 70 000 euros par an. Intangible, la ministre de la Santé résiste à ce prurit populiste par un plan d’accès aux soins fondé sur la liberté. Pari fou, au vu du contexte politique. Mais au final, le seul raisonnable. Évidemment.
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