La moitié des soignants sont privés de sommeil

06/12/2017 Par Catherine le Borgne

Une vaste enquête du réseau Morphée, diffusée ce jour par l'association SPS, a été menée auprès de  13 000 personnes, dont près de 1 000 soignants*. Elle révèle que ces professionnels dorment moins que la moyenne. Plus de la moitié d'entre eux ressentent une privation de sommeil liée à leur travail. Une majorité souffre d'insomnie, ce qui représente autant de facteurs de vulnérabilité, relève le réseau Morphée.

 

  • Moins de temps de sommeil, plus d’horaires décalés et de travail posté

L’étude a révélé que les jours de travail, le temps de sommeil des soignants est significativement plus court que celui des non-soignants : 6 heures contre 6,45 heures. Autre différence significative : les soignants sont 60% à dormir moins de 6 heures en semaine contre 44,8% des non soignants. A noter que chez les soignants, il est plus fréquent de travailler le soir (19%, contre 15% des non-soignants) et d’avoir des horaires décalés (39% contre 26%) et attribués à un travail posté (81% contre 31%).  

  • Près de la moitié des soignants (48%) pensent être privés de sommeil à cause de leur travail

Le travail posté est significativement plus fréquent chez les soignants qui pensent être privés de sommeil du fait de leur travail. De même, la privation de sommeil due au travail est plus fréquente chez les infirmier(ère)s et les aides-soignants qui ont un travail posté (30% des aides-soignants, 69% des IDE et 38% des médecins). Autre observation : l’écart des heures travaillées par semaine est plus marqué chez les soignants qui ont une sensation de privation de sommeil en raison de leur travail : 42,4 contre 39,3 pour ceux qui n’ont pas l’impression d’être privé de sommeil par leur travail. Parmi les 60% de soignants qui passent moins de 6h dans leur lit les jours du travail les trois-quarts pensent que leur privation du sommeil est en lien avec leur travail.  

  • Les personnes en privation de sommeil ont un IMC plus élevé, sont plus somnolentes, ont un risque plus important d’insomnie, d’anxiété ou de dépression sévère

Par ailleurs, le fait d’avoir un temps de sommeil objectivement court (moins de 6 heures au lit) pendant la semaine est associé à un IMC plus important. Que pensent les soignants du lien entre travail et santé ? Ils sont près de la moitié à penser que leur travail a un impact sur leur santé via la privation de sommeil qu’il engendre. En outre, plus des deux tiers considèrent que le travail a un retentissement sur la qualité de leur sommeil et 63% se sentent stressés à cause de leur travail. Enfin, 50% pensent qu’un travail de nuit est néfaste pour le sommeil.  

  • La majorité des soignants se plaint d’insomnie : 62% ont un trouble d’endormissement, 80% un trouble de continuité du sommeil, 71% des éveils précoces et 67% un sommeil non-récupérateur. Les troubles sont aussi fréquents chez les soignants que chez les non soignants

Autre résultat obtenu : les soignants sont 31% à présenter les quatre types de troubles du sommeil et 64% à souffrir d’une insomnie chronique avec retentissement diurne sur plus de 3 mois. Les ronflements sont fréquents chez les soignants (27%). La somnolence touche 32% d’entre eux et la fatigue diurne, 80% d’entre eux. Par ailleurs, 37% se plaignent d’endormissement au volant (contre 27% des non soignants). Les soignants qui ont eu un endormissement au volant sont plus somnolents, se plaignent plus de privation de sommeil, ont plus d’horaires décalés. De ce fait, ils présentent un risque accidentel au volant plus important. Chez les soignants souffrant de troubles du sommeil (en dehors d’un ronflement), des symptômes de troubles anxieux et dépressifs sont souvent retrouvés.     *13 000 personnes à travers la France ont été interrogées au moyen d'un questionnaire en ligne par le réseau Morphée, un réseau de santé consacré à la prise en charge des troubles du sommeil, financé par l'ARS Ile-de-France. 880 personnes se sont identifiées comme des soignants : 51 % infirmières, 19 % médecins, internes et dentistes, 10 % aides-soignantes ainsi que des psychologues, pharmaciens, kinés, étudiants et autres paramédicaux. L’objectif était d’explorer le temps de sommeil, les comportements associés au sommeil et les symptômes de troubles du sommeil.

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