La nomination à l'Elysée d'une lobbyiste du vin fait polémique

29/05/2017 Par Aveline Marques

Depuis 2012, Audrey Bourolleau exerçait la fonction de déléguée générale de Vin et société, une instance de lobbying représentant plus de 500 000 acteurs de la vigne et du vin. Sa récente nomination en tant que conseillère agriculture d'Emmanuel Macron inquiète les addictologues, qui craignent les conflits d'intérêts.

"La nomination d'une représentante de la filière alcool ne manque pas d'inquiéter sur les conflits d'intérêts qui pourraient survenir au détriment de la santé publique", alertent, dans un communiqué commun publié samedi, onze associations d'addictologues et six experts en santé. "Le risque est que la politique agricole et viticole se fasse au détriment d'une politique efficace de lutte contre les consommations nocives d'alcool", responsables de 50 000 décès par an. "Contrairement aux idées reçues, précisent-ils, La taxation sur les alcools, qui rapporte environ 3,2 milliards d'euros par an, ne représente que 37% du coût des soins." Les signataires regroupent notamment la Fédération française d'addictologie, l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie et le Collège professionnel des acteurs de l'addictologie hospitalière, ainsi que les experts Gérard Dubois, Irène Frachon, Claude Got, Serge Hercberg, Catherine Hill et Albert Hirsch. Rappelant la volonté affichée par Emmanuel Macron de moraliser la vie publique, ils invitent le président de la République "à appliquer cette politique dans le choix de ses conseillers". A l'Elysée, interrogé par l'AFP, on observe cependant qu'Audrey Bourolleau, qui a démissionné de Vin et société pour rejoindre le cabinet d'Emmanuel Macron, est nommée en tant que "conseillère en charge des questions d'agriculture et de développement durable, et non pas de santé". Une représentante de la société civile "choisie en raison de ses compétences et de sa connaissance des filières agricoles". L'Elysée souligne aussi que "l'emploi qu'elle avait exercé avait vocation à défendre une filière, et non des entreprises privées", et qu'elle "s'est soumise évidemment à toutes les obligations dévolues aux conseillers en matière de déclaration de patrimoine et d'intérêts". Les experts de santé publique soulignent quant à eux qu'en 2016, la Cour des comptes avait relevé que la filière vin entretenait "la confusion en finançant ses propres études pour attester de la non-dangerosité de l'alcool consommé avec modération". [avec AFP]

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