« Cette pratique d’éclaircissement volontaire de la couleur d’une peau normale s’est intensifiée depuis les années 60 et rien ne permet de penser que ce phénomène devenu planétaire soit en perte de vitesse… », regrette le Dr Antoine Petit, dermatologue "peau foncée" à l’Hôpital Saint-Louis (Paris). Ainsi, entre 30 et 70 % des femmes en Afrique subsaharienne s’y adonnent, diversement, en fonction de la motivation, des moyens…, et de façon régulière. Certains des topiques utilisés dans contexte ont une efficacité limitée et peu d’effets secondaires. C’est le cas de la photoprotection bien sûr avec des écrans et des vêtements ; et des cosmétiques à très faible effet (rétinoïdes locaux, alpha hydroxy-acides, etc., s’ils ne sont pas trafiqués). Le glutathion per os ou injectable est une nouvelle option qui ne semble ni très éclaircissante ni très dangereuse. Mais il existe aussi des produits dépigmentants plus efficaces, illicites, et aux risques avérés. Il s’agit en particulier des dérivés de l’hydroquinone à forte concentration, qui entrainent un risque accru de carcinome épidermoïde, ou encore une mauvaise odeur corporelle. Ils sont associés aux dermocorticoïdes (clobétasol surtout), et leur cortège d’effets indésirables à la fois locaux telles que les vergetures, l’hyperpilosité, etc., et systémiques en raison des doses utilisées. Il y a aussi des fards contenant des métaux lourds (mercure, bismuth, etc.). Enfin, les produits domestiques (liquide vaisselle, dentifrice, etc.) décapent la peau en surface, balaient ses pigments rapidement, un mode opératoire à l’origine de brûlures et/ou d’infections. Clarté de peau est souvent synonyme de féminité, de pureté, … un raccourci qui sévit depuis des siècles. « La valorisation de la peau foncée (être fière de son teint) pourrait être un contrefeu en soutien du sevrage une fois traitées les complications », suggère le Dr Petit.
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