Maladie de Basedow à début dans l’enfance : le taux de rémission est faible, même après traitement prolongé

30/05/2023 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
La maladie de Basedow est la forme la plus fréquente d’hyperthyroïdie chez les enfants et les adolescents. Son pic d’incidence est entre 11 et 15 ans et les filles sont plus souvent touchées.

La maladie de Basedow durant l’enfance est moins fréquente que chez l’adulte mais son évolution est généralement plus sévère. Le traitement de première intention est le traitement par les antithyroïdiens de synthèse (ATS). Lorsque le traitement par ATS est responsable d’effets secondaires ou lorsqu’à son interruption, la poussée de la maladie de Basedow n’est pas rentrée dans l’ordre et qu’il persiste une hyperthyroïdie, il faut envisager un traitement radical : soit un traitement par l’iode radioactif soit une thyroïdectomie subtotale mais qui peuvent ensuite entraîner une hypothyroïdie définitive. L’évolution de la maladie de Basedow chez l’enfant est connue pour être plus sévère que chez l’adulte, c’est ce que confirme une étude menée en Thaïlande auprès de 265 enfants ayant démarré une maladie de Basedow traitée initialement par ATS et dont l’évolution à long terme a été analysée. L’âge médian au diagnostic était de 11.5 ans (intervalle interquartile = 9.4 à 13.7). La durée du traitement par ATS a été de 4.3 années (2.3 à 6.7). Le recul était en moyenne de 7.1 années (3.8 à 10.9). Un traitement définitif du fait d’une reprise de l’hyperthyroïdie à l’arrêt des ATS a été nécessaire chez 77 patients. Il a été possible d’arrêter le traitement ATS chez 93 patients et 95 étaient toujours traités par ATS au moment de l’enquête. Le taux de rémission était donc de 21 % (56 des 265 patients) et le taux de récidive de 40 % (37 des 93 patients). L’incidence cumulée de la première rémission a augmenté avec la durée du traitement par ATS avec un taux maximum de rémission après 5.3 années de traitement par ATS. Chez les patients qui avaient rechuté, environ 50 % l’avaient fait au cours de la première année après l’arrêt des ATS. La rémission était plus souvent obtenue chez les patients dont le goitre faisait moins de 3.5 cm, chez qui les anticorps anti-récepteurs de la TSH étaient < 10 U/l, qui n’avaient pas d’ophtalmopathie au diagnostic et chez qui les doses d’ATS, après une année, étaient < 0.5 mg/kg/jour de méthimazole. Cette étude confirme donc que le taux de rémission de la maladie de Basedow démarrant dans l’enfance est relativement faible après un traitement par ATS. Ce traitement par ATS doit être prolongé car plus il est prolongé, plus on augmente le taux de rémission.

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