DT1 : la surveillance continue du glucose fait mieux que l’autosurveillance glycémique capillaire pour réduire le risque d’hypoglycémie sévère et d’acidocétose

11/05/2023 Par Pr Philippe Chanson
Diabétologie Endocrinologie-Métabolisme
L’effet de la surveillance continue du glucose sur le risque d’hypoglycémie sévère et d’acidocétose chez les patients ayant un diabète de type 1 (DT1) n’est pas clair. Fait-elle mieux que l’autosurveillance glycémique capillaire ? C’est ce qu’a voulu analyser une équipe allemande en évaluant, en plus, quelles mesures prédisaient ce risque chez les jeunes patients ayant un DT11.

Il s’agissait d’une étude de cohorte de population menés dans 511 centres de diabétologie, en Autriche, en Allemagne, au Luxembourg et en Suisse, participant à l’étude Diabetes Prospective Follow-up Initiative où ont été inclus des patients ayant un DT1 âgés de 1.5 an à 25 ans, dont l’ancienneté du diabète était supérieure à un an, qui avaient été traités entre janvier 2014 et juin 2021 et dont le temps d’observation dépassait 120 jours dans l’année de traitement la plus récente. Les taux d’hypoglycémies sévères et d’acidocétoses au cours de l’année de traitement la plus récente ont été examinés chez les sujets utilisant la surveillance continue du glucose et chez ceux qui utilisaient une surveillance par glycémies capillaires. Les mesures utilisées sous surveillance continue du glucose étaient le pourcentage de temps en-dessous de la cible (< 3.9 mmol/l) et la variabilité glycémique mesurée comme le coefficient de variation ainsi que le glucose interstitiel moyen. Sur les 32 117 sujets ayant un diabète de type 1, d’âge médian 16.8 ans, 17 056 (soit 53.1 %) étaient des hommes. 10 883 utilisaient une surveillance continue du glucose (médiane de 289 jours/an) et 21 234 utilisaient la surveillance par glycémie capillaire. Ceux qui utilisaient la surveillance continue du glucose avaient des taux inférieurs d’hypoglycémie sévère en comparaison de ceux qui utilisaient la surveillance par glycémie capillaire (6.74 pour 100 patients/année, IC 95 % = 5.9 – 7.69 vs 8.84 ; 8.09 – 9.66 pour 100 patients/année, donnant un rapport des taux d’incidence de 0.76 ; 0.64 – 0.91 ; p = 0.0017). Ils avaient aussi un taux inférieur d’acidocétose diabétique (3.72 ; 3.32 – 4.18 pour 100 patients/année vs 7.29 ; 6.83 – 7.78 pour 100 patients/année, donnant un rapport des taux d’incidence de 0.51 ; 0.44 – 0.59 ; p < 0.0001). En surveillance continue du glucose, les taux d’hypoglycémie sévère augmentaient avec le pourcentage de temps sous la cible (%TSC) : ainsi le rapport des taux d’incidence était de 1.69 (1.18 – 2.43 ; p = 0.0024) pour un %TSC entre 4 et 7.9 % versus un %TSC < 4 % ; il était de 2.38 (1.51 – 3.76 ; p < 0.0001) pour un %TSC ≥ 8 % vs un %TSC < 4 %. Le taux d’hypoglycémies sévères augmentait aussi avec la variabilité glycémique. En effet, le rapport des taux d’incidence était de 1.52 (1.06 – 2.17 ; p = 0.022) pour un coefficient de variation ≥ 36 % vs un CV < 36 % ; Les taux des acidocétoses diabétiques augmentaient avec le glucose interstitiel moyen mesuré en surveillance continue du glucose. Ainsi le rapport des taux d’incidence était de 1.77 (0.89 – 3.51 ; p = 0.13) pour un glucose interstitiel moyen entre 8.3 et 9.9 mmol/l en comparaison d’un glucose interstitiel moyen < 8.3 mmol/l ; il était de 3.56 (1.83 – 6.93 ; p < 0.000, pour un glucose interstitiel moyen entre 10.0 et 11.6 mmol/l vs un glucose interstitiel moyen < 8.3 mmol/l et de 8.66 (4.48 – 16.75 ; p < 0.0001) pour un glucose interstitiel moyen ≥ 11.7 mmol/l vs un glucose interstitiel moyen < 8.3 mmol/l). Ces résultats indiquent donc que la surveillance continue du glucose permet de réduire le risque d’hypoglycémie sévère et d’acidocétose chez les jeunes patients ayant un diabète de type 1 traité par insuline. Les mesures utilisées pour la surveillance continue du glucose pourraient aider à identifier ceux qui sont à risque de complications aiguës du diabète.

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