Covid long : trois études confirment les bénéfices de la vaccination
On considère actuellement qu’environ 10% des malades ayant été infectés par le Covid présentent des symptômes persistants, appelés souvent Covid long. Et si les symptômes diminuent généralement avec le temps, certains peuvent être handicapants au quotidien et persister même au-delà d’un an.
Or, plusieurs données préliminaires ont suggéré que la vaccination contre le Covid, de sujets ayant déjà eu la maladie, pourrait améliorer ces symptômes persistants.
40% de risque en moins
Ainsi, très récemment, de nouvelles données ont confirmé l’intérêt de la vaccination contre le Covid long. En effet, dans une revue systématique avec méta-analyse, publiée dans le JAMA, des auteurs ont analysé les facteurs de risque associés au Covid long. 41 études (plus de 860 000 patients au total) ont été prises en compte. Il en ressort qu’à côté de certains éléments déjà évoqués dans des études précédentes (comme le sexe féminin, le surpoids, le tabagisme, un Covid sévère… ), les patients qui avaient été vaccinés contre le Covid-19 avec 2 doses avaient un risque significativement plus faible de développer un Covid long par rapport aux patients non vaccinés (OR, 0,57).
Un impact à 120 jours
Pour en savoir plus sur cette relation, une équipe de chercheurs français coordonnée par le Dr Viet-Thi Tran, épidémiologiste et co-investigateur de la cohorte ComPaRe (Communauté de Patients pour la Recherche de l’AP-HP, Université Paris Cité / AP-HP), s’est appuyée sur cette cohorte pour analyser les effets de la vaccination contre le Covid sur la sévérité des symptômes chez les patients ayant un Covid long. Mais les patients ont été inclus avant le 1er mai 2021, soit avant l’arrivée des variants les plus récents.
Cet essai, basé sur des données observationnelles, mais conduit pour reproduire au plus proche la méthodologie d’un essai clinique randomisé, a porté sur 455 patients présentant un Covid long et vaccinés qui ont été appariés à 455 autres non vaccinés. De nombreux facteurs de confusion ont été pris en compte tels que l'âge, le sexe, le niveau d'éducation, les comorbidités, l'hospitalisation pendant la phase aiguë du Covid-19 et la gravité de leur Covid long. Les sujets vaccinés l’étaient pour la 1re fois ; et tous les vaccins autorisés en France ont été pris en compte (AstraZeneca, Pfizer-BioNTech, Johnson & Johnson et Moderna).
Les participants avaient un âge moyen de 47 ans et étaient des femmes dans la grande majorité (plus de 80%).
Les résultats ont montré que, au bout de 120 jours, la vaccination a réduit le nombre de symptômes persistants : 13 dans le groupe vacciné, contre 14,8 dans l’autre groupe. En outre, elle a permis un doublement du taux de patients en rémission (patients n’ayant plus aucun symptôme de Covid long) : 16,6% contre 7,5% respectivement dans les deux groupes. Enfin un bénéfice léger a été retrouvé sur la vie sociale, avec un score d’impact de 24,5 chez les sujets vaccinés contre 27,6 chez les non vaccinés, sur une échelle de 0 à 60.
Sur le plan de la tolérance de la vaccination, 26 personnes (environ 6%) ont signalé des effets secondaires, dont 4 ont été considérés comme graves (2 hospitalisations). Et 13 personnes ont déclaré une aggravation de leurs symptômes. "Cette étude est importante car elle décrit la première intervention potentielle pour réduire le fardeau du Covid long pour les patients et le système de soins. D’autres traitements pourraient être inspirés par ces recherches", souligne l’AP-HP dans un communiqué qui accompagnait la parution de cette étude.
16 études observationnelles
Dans la même revue scientifique, a été publiée une revue systématique de 16 études, dont les résultats vont dans le même sens que l’étude française. Les 16 études, toutes observationnelles, ont été réalisées dans cinq pays différents (États-Unis, Royaume-Uni, France, Italie et Pays-Bas) ; elles ont porté au total sur 614 392 patients. Les symptômes les plus fréquemment rencontrés étaient la fatigue, la toux, la perte de l'odorat, l'essoufflement, la perte du goût, les maux de tête, les douleurs musculaires, les troubles du sommeil, les difficultés de concentration, l'inquiétude ou l'anxiété et la perte de mémoire ou la confusion. La vaccination était réalisée soit avant l’infection (12 études) soit après (5 études). Globalement, les analyses montrent que la vaccination réduisait le risque de survenue de Covid long. Cependant, les auteurs soulignent "la grande hétérogénéité entre les études" qui "a empêché toute méta-analyse significative". En outre, de nombreux facteurs de confusion potentiels n’étaient pas pris en compte. Les chercheurs concluent donc que "les études actuelles suggèrent que les vaccins contre le covid-19 pourraient avoir des effets protecteurs et thérapeutiques sur le Covid long. Des études et des essais comparatifs d'observation plus robustes sont cependant nécessaires pour déterminer clairement l'efficacité des vaccins dans la prévention et le traitement du covid long".
Au final, selon les Drs Frances Edwards (North Bristol NHS Trust) et Fergus Hamilton (l'Université de Bristol), qui ont co-écrit un éditorial attaché à ces 2 études "la vaccination Covid-19 est susceptible d'avoir un effet bénéfique sur le Covid long en réduisant la gravité des cas ainsi que l'incidence". Ils mettent cependant en garde : "Estimer la taille de l'effet (et l'effet de doses de vaccin supplémentaires) reste un défi dans les données d'observation. Les preuves de bénéfice après l'infection sont beaucoup plus floues et plus difficiles à interpréter compte tenu du taux actuel de séropositivité et de vaccination dans de nombreux pays". Ils soulignent que "bien que ces études soient encourageantes, des essais comparant la vaccination avec un placebo chez les patients atteints de Covid long (telle que définie par les critères de l'OMS) sont nécessaires pour recommander définitivement pour ou contre la vaccination pour améliorer les symptômes du Covid long" par le virus Sars-CoV-2.
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