Cancer du sein : une étude française confirme l’impact de la pollution de l’air

05/10/2022 Par Marielle Ammouche
Cancérologie
A côté des facteurs génétiques et hormonaux, plusieurs études ont suggéré que divers polluants de l’environnementaux - en particulier ceux à effet perturbateur endocrinien - pouvaient aussi être des facteurs de risque de cancer du sein. Pour étayer les données sur ce sujet, des chercheurs du Centre Léon Bérard (centre de lutte contre le cancer de Lyon et Rhône-Alpes) ont mis en place une vaste étude, nommée Xenair, visant à analyser l’association entre le risque de cancer du sein et l’exposition chronique à faible dose à 8 polluants atmosphériques. 

 

Financée par la Fondation ARC, et menée en collaboration avec l’Ecole Centrale de Lyon- Unité CNRS 5509, l’Université de Leicester au Royaume-Uni, l’INERIS et le centre Bordeaux Population Health - Unité INSERM 1219, cette étude cas-témoins a été réalisée à partir de la cohorte nationale E3N (coordonnée par l’équipe Équipe Inserm "Exposome et Hérédité", Institut Gustave Roussy, Villejuif), dans laquelle les participantes sont suivies depuis 1990.  

5.222 femmes présentant un cancer du sein (diagnostiqué entre 1990 et 2011) ont été comparées au même nombre de cas témoins (indemnes de cancer du sein). Les expositions moyennes et cumulées ont été estimées à l’aide de modèles spécifiques pour chaque polluant, pour chaque femme, de son inclusion à la date de diagnostic de son cancer, en fonction de ses lieux d’habitation. 

Les résultats ont tout d’abord montré que, même si les taux baissent globalement pour l’ensemble des polluants sauf l’ozone, "les niveaux d’exposition pour les dioxydes d’azote et les particules restent largement au-dessus des recommandations sanitaires actuelles", précise le Centre Léon Bérard dans un communiqué. 

Mais surtout, il existe une augmentation du risque de cancer du sein lors d’une exposition à 5 polluants :  

  • le dioxyde d’azote : augmentation significative d’environ 9% du risque de cancer du sein pour chaque augmentation de 10 μg/m3 d’exposition) ;  
  • les particules (PM10) : augmentation à la limite de la significativité statistique de 8%  
  • Les particules (PM2.5) : augmentation à la limite de la significativité statistique d’environ 13%  
  • le benzo[a]pyrène (BaP) : augmentation significative d’environ 15% pour chaque augmentation de 1,42 ng/m3 d’exposition  
  • le polychlorobiphényles (PCB153) : augmentation significative d’environ 19% pour chaque augmentation de 55 pg/m3 d’exposition. 

En revanche, l’étude n’a pas montré d’augmentation de risque avec le cadmium et les dioxines ; et pour l’ozone, les analyses sont en cours. 

En outre, le risque est apparu élevé "chez les femmes ayant été exposées pendant leur transition ménopausique pour le BaP et le PCB153, deux polluants classés comme perturbateurs endocriniens", précise le centre Léon Berard. 

Les auteurs concluent "qu’une amélioration de la qualité de l’air serait un levier pour contribuer à la prévention du cancer du sein". Ils ont calculé qu’en prenant comme référence les seuils de référence de l’Europe pour NO2 (de 40 μg/m3), 1% des cancers du sein pourraient être évités. Plus encore, avec des niveaux d’exposition conformes aux recommandations de l’OMS de 2021, de 10 μg/m3 pour les NO2, ce serait près de 9% des cancers du sein qui pourraient être évités.  

"Les résultats de l’étude Xenair suggèrent que la réduction des concentrations des polluants de l’air en France a le potentiel de contribuer à la prévention du cancer du sein. Cet investissement est essentiel pour prévenir la maladie et pourrait être compensé par les économies en matière de traitement, de prise en charge, et de coût pour la société par les cancers évités", conclut le Centre Léon Bérard.

Les complémentaires santé doivent-elles arrêter de rembourser l'ostéopathie ?

Stéphanie Beaujouan

Stéphanie Beaujouan

Non

Je vois beaucoup d'agressivité et de contre vérités dans les réponses pour une pratique qui existe depuis 1,5 siècle . La formatio... Lire plus

4 débatteurs en ligne4 en ligne





 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Enquête Hôpital
Pourquoi le statut de PU-PH ne fait plus rêver les médecins
14/11/2024
9
La Revue du Praticien
Diabétologie
HbA1c : attention aux pièges !
06/12/2024
0
Concours pluripro
CPTS
Les CPTS, un "échec" à 1,5 milliard d'euros, calcule un syndicat de médecins dans un rapport à charge
27/11/2024
12
Podcast Histoire
"Elle aurait fait marcher un régiment" : écoutez l’histoire de Nicole Girard-Mangin, seule médecin française...
11/11/2024
0
Histoire
Un médecin dans les entrailles de Paris : l'étude inédite de Philippe Charlier dans les Catacombes
12/07/2024
1
Portrait
"On a parfois l’impression d’être moins écoutés que les étudiants en médecine" : les confidences du Doyen des...
23/10/2024
6