Ainsi, le risque accru de décès des patients diabétiques touchés par le Covid-19 est confirmé par les résultats mis à jour d’une large revue de la littérature qui met en évidence les phénotypes des patients plus vulnérables. Les patients diabétiques représentent près de 15 % des cas de Covid.
Le travail présenté et coordonné par le Pr Sabrina Schlesinger (Germann Diabetic Center, Leibniz Center, Düsseldorf, Allemagne) s’enrichit au fil des nouvelles études qui s’attachent au destin des patients DT infectés par le Sars-CoV2, en termes de décès et de formes graves du Covid. Les données les plus récentes sont, à date, issues de 60 études portant sur plus de 45 000 personnes de 18 pays*. Il s’agit de la seconde édition de la revue, la première ayant fait l’objet d’une publication dans la revue Diabetologia de juillet 2021.
Il en ressort que les hommes diabétiques ont un risque de 39 % supérieur de mourir du Covid par rapport aux femmes diabétiques ; les personnes diabétiques âgées de 65 ans ont un risque de décès multiplié par 3 versus les moins de 65 ans. Pour chaque année supplémentaire, le risque relatif de décès lié au Covid augmente de 5 %. Ces critères de gravité, sexe et âge, sont d’ailleurs partagés par les non diabétiques.
En outre, les personnes obèses (IMC >30 kg/m2) et diabétiques présentent un risque augmenté de 47 % de décès lié à l’infection en comparaison des personnes diabétiques mais de poids normal.
Seulement quelques études s’intéressent aux facteurs spécifiques du diabète possiblement en relation avec le Covid. Les associations les plus pertinentes sont observées pour le niveau de glucose sanguin à l’admission en milieu hospitalier : une glycémie >11 mmol/L multiplie par 3,7 le risque de décès par rapport à une glycémie <6 mmol/L. De surcroît, les patients qui utilisent de l’insuline pour le contrôle de leur diabète ont 79 % plus de risque de décès, son usage étant un marqueur de diabète plus avancé… A l’inverse, ceux qui sont traités par de la metformine (la molécule de première intention) ont un risque diminué de 37 % versus ceux qui n’en prennent pas.
De nouveaux paramètres
A l’instar des personnes indemnes de la maladie, les patients diabétiques sont plus à risque de mourir du Covid quand ils ont par ailleurs une maladie cardiovasculaire (le risque est alors augmenté de 39 %), une insuffisance rénale chronique (de 81 %) ou une maladie pulmonaire obstructive chronique (de 23 %). De plus, et c’est une donnée supplémentaire par rapport à la première édition de cette revue, l’usage de statines chez les patients diabétiques accroît le risque de décès de 75 %, probablement parce qu’il témoigne d’une maladie cardiovasculaires sous-jacente. Enfin, à chaque 10 mg/L supplémentaire de protéine C-réactive, le risque de décès dû au Covid des patients diabétiques augmente de 15 %.
"Beaucoup des facteurs prédictifs...
d’une évolution péjorative du diabète, comme le genre, l’âge, l’obésité ou l’usage de l’insuline, sont également des facteurs de mauvais pronostic d’une infection à Sars-CoV2", résument les auteurs.
Le diabète, parent pauvre de la prise en charge en période Covid
Si le poids des comorbidités sur la probabilité de souffrir de formes graves de Covid est à peu près équivalent pour l’HTA, le diabète ou une maladie cardiovasculaire, le risque est multiplié par près de 4 en cas de maladie rénale chronique. L’impact sur la prise en charge est en revanche beaucoup plus grand pour les patients diabétiques (versus notamment les patients hypertendus ou BPCO), avec un déficit (ou un retard) de diagnostic de nouveaux cas de diabète et un recours effondré à la mesure de l’HbA1c de suivi d’un diabète.
Or une année de mauvais contrôle glycémique suffit à augmenter le risque d’infarctus du myocarde de 67 %, d’insuffisance cardiaque de 64 %, d’accident vasculaire cérébrale de 51 % ou de rétinopathie de 7%. Enfin, l’hospitalisation pour Covid peut être l’occasion de la survenue d’un diabète qu’il soit induit par un traitement stéroïdien, dû à une dysfonction des cellules b (en raison de la liaison Sars-Cov2-ACE2 dans les îlots) ou à la transformation d’un prédiabète à la faveur des contraintes épidémiques (gain de poids et déficit d’exercice).
* Diabetologia 64, 1480–1491 (2021).
Selon une étude anglaise*, 2,5 millions de tests diagnostiques glycémiques n’ont pas été faits ou retardés pendant la période du confinement (soit une moyenne de 400 000 par mois) : probablement 213 000 diagnostics de prédiabète ont été méconnus et 68 500 de diabète avéré. Au moins 1,4 millions de tests de patients diabétiques sont passés à la trappe, dont plus de 500 000 pour des patients à haut niveau de glycémie. Le nombre de tests HbA1c a chuté également de façon dramatique, de 32 à 19 000 par mois. A noter, un tiers des décès liés au Covid au Royaume-Uni concernent des patients diabétiques.
A l’inverse des patients diabétiques de type 2 dont le contrôle glycémique était moins bon, le contrôle des diabétiques de type 1 s’est amélioré pendant le confinement. Le temps passé dans la cible d’HbA1c a progressé (entre 70 et 180 mg/dL) et les niveaux d’HbA1c ont décru de 0,05 % en moyenne. A l’inverse, l’HbA1c des patients de type 2 a augmenté de 0,14 % en moyenne pendant les confinements, avec une prise de poids, deux effets collatéraux du Covid sans doute liés à l’absence d’activité physique, des repas déstructurés, du manque de sommeil, etc.
*Eberle, C., et al. Diabetol Metab Syndr 13, 95 (2021).
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