Les hommes sont plus exposés au diabète. Les hormones sexuelles sont une des explications à ce phénomène. Cette question a été abordée lors du congrès digital de la Société francophone du diabète organisé du 23 au 26 mars.
Le diabète traité a une indiscutable prédominance masculine avec une prévalence globale de 6,1 % chez les hommes et de 4,2 % chez les femmes en 2015. « Ces différences entre sexes sont pour partie liées aux hormones sexuelles qui participent au contrôle de la balance énergétique et au maintien de l’homéostasie glucidique », a expliqué le Pr Gourdy (Toulouse). « Les estrogènes, qui agissent sur tous les acteurs de la régulation glycémique exercent un rôle protecteur. Leur carence après la ménopause facilite l’apparition d’un diabète de type 2 avec altération des capacités d’insulinosécrétion pancréatique et modification de la répartition corporelle de la masse grasse favorisant l’insulinorésistance. L’étude de cohorte française E3N a ainsi mis en évidence une corrélation inverse entre âge de survenue de la ménopause et incidence du diabète de type 2 (1). Et, les essais randomisés HERS et WHI ont montré qu’un traitement hormonal substitutif réduit de l’ordre de 20 % l’incidence de ce diabète.
Des travaux entrepris par l’équipe du Pr Gourdy chez la souris NOD suggèrent que les estrogènes ont également des effets protecteurs sur le diabète de type 1 (dont le sexe ratio est également en défaveur des hommes après la période pubertaire) « en renforçant certains verrous d’immunomodulation impliquant les cellules Natural Killer T ».
Chez l’homme, un déficit modéré en androgènes est associé à l’apparition d’un diabète de type 2 avec augmentation de l’adiposité et de l’insulinorésistance. Une étude australienne randomisée, menée chez 1007 hommes de 50 à 74 ans avec une testostéronémie totale inférieure à 14 nmol/L, un tour de taille supérieur à 95 cm, et un prédiabète ou un diabète de type 2 récent, vient de montrer que des injections trimestrielles de testostérone undécanoate (1000 mg) abaissent à 2 ans à 12 % (contre 21 % pour le placebo, p = 0,0007) la probabilité de survenue d’un diabète de type 2 (2). Mais, ce au prix d’une élévation de l’hématocrite au-delà de 54 % chez 22 % des hommes ayant reçu de la testostérone (1 % sous placebo), et d’une augmentation significative du PSA (23 % des hommes contre 19 % sous placebo avec un taux ≥ 0,75 µg/ml), « témoignant d’un impact prostatique du traitement ». Le Pr Gourdy a admis que « si en situation de carence, les traitements hormonaux permettent de réduire le risque de diabète de type 2, leur utilisation est limitée par leurs effets indésirables ».
D’autres champs d’exploration des stéroïdes sexuels dans le diabète devront prendre en compte les effets hormonaux des perturbateurs endocriniens, le métabolisme sous l’action du microbiote intestinal de molécules estrogéniques formées à partir de composants alimentaires végétaux.
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