Principale raison à cela, la reconnaissance du caractère stratégique de ces entreprises. Enfin dira-t-on ! Car au cours des années passées, le recul français n’a cessé d’être dénoncé. Et il aura malheureusement fallu cette crise sanitaire sans précédent pour que le message imprime enfin auprès des décideurs politiques. Rappelons qu’au cours de ces dix dernières années, pourtant marquées par de nombreuses innovations, le chiffre d’affaires des entreprises du médicament a stagné en France alors qu’il progressait chez nos voisins. Et que notre pays n’est plus que 4e producteur européen de médicaments alors qu’il était premier, désormais détrôné par des pays qui telle l’Allemagne a misé sur les biotechs ou l’Italie sur la chimie. La veille, le Conseil d’analyse économique (CAE) avait fort justement souligné certaines faiblesses de l’écosystème français, en particulier le retard du financement public de la recherche fondamentale dans la santé, celui-ci ayant diminué entre 2011 et 2018 de 28%, à 2,05 milliards d'€, alors qu’il a augmenté dans le même temps de 11% à 4,9 milliards en Allemagne et de 16% à près de 3 milliards au Royaume-Uni. Retard également dans le développement des start-ups de la santé et des entreprises (spin-off) issues du monde universitaire.
Retard du financement public de la recherche fondamentale dans la santé Mais pour le Leem, il existe de nombreux sujets de satisfaction et en premier lieu la reconnaissance du caractère stratégique des entreprises de santé. La dépendance sanitaire de l’Europe et plus encore de la France, liée à sa désindustrialisation, représente une faiblesse devenue inacceptable à la lumière de cette crise sanitaire. Et une politique incitative est en marche, qui doit permettre de relocaliser nos productions de santé : baisse des impôts de production, investissements massifs en faveur de la réindustrialisation du pays, baisse de la contribution nette du médicament à la politique de maîtrise des dépenses de santé (de l’ordre de 1 milliard d’euros par an au cours des 10 dernières années, expliquant l’absence de croissance du secteur). Autre sujet de satisfaction, l’écrasement de l’échelle de temps nécessaire à la fabrication de vaccins. Entre le séquençage...
du virus Sars-CoV-2 et l’arrivée des deux premiers vaccins, il aura fallu moins d’une année ! Et 300 candidats vaccins sont actuellement en développement, dont 20 en essais de phase 3. Jamais l’innovation vaccinale ne s’est faite dans des délais aussi courts et la reconnaissance du public vis-à-vis de cette prouesse des industries de santé, fortement soutenues par les Etats, se mesure dans les sondages. Mais le Leem reste parfaitement lucide quant aux aspirations de notre société, intraitable sur des thèmes tels que les ruptures de stocks et d’approvisionnement de médicaments, exigeante en matière de transparence, notamment sur le prix de l’innovation. Mais souligne Frédéric Collet, la société doit comprendre que l’innovation, étant de plus en plus personnalisée et donc ciblée sur des populations réduites, a et aura forcément des coûts élevés, que le système de santé doit être en capacité d’intégrer en se modifiant lui-même. L’exemple est donné avec les thérapies géniques, cellulaires et tissulaires, où la France excelle. Dans l’hémophilie sévère, la dystrophie musculaire de Duchenne, le myélome multiple, la sclérose latérale amyotrophique, la bêta-thalassémie ou la drépanocytose se profilent des thérapies innovantes offrant des perspectives inédites de guérison.
« A l’innovation scientifique et technologique doit impérativement répondre l’innovation administrative et financière » déclare le Président du Leem, dans un système de santé en capacité de se transformer, d’offrir de nouvelles perspectives organisationnelles est-on tenté d’ajouter. Enfin, Frédéric Collet émet le vœu que la France, qui assurera la présidence du Conseil de l’UE en 2022, mette à profit cette année 2021 pour développer un leadership européen de la France dans les sciences de la vie, sans faiblir face à la confrontation américano-chinoise. D’après la conférence de presse du Leem, le 27 janvier, en visioconférence.
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