« Les rhinites allergiques professionnelles sont les plus fréquentes des maladies allergiques professionnelles devant les asthmes, conjonctivites et dermatites », a mentionné le Pr Ludovic de Gabory, ORL à l’hôpital Pellegrin de Bordeaux. Leur définition est celle de rhinites causées par le travail, à différencier donc (ce qui n’est pas toujours évident) de rhinites préexistantes exacerbées par l’activité professionnelle. Par, ailleurs, on peut rencontrer en milieu professionnel des rhinites non allergiques, dues à des irritants. « Une rhinite professionnelle sera suspectée en cas d’unité de temps et de lieu : amélioration des symptômes à la maison, pendant les vacances ». A la différence des rhinites non allergiques, qui se manifestent immédiatement au poste de travail, les rhinites allergiques apparaissent après un délai de latence, en médiane de 4 ans, correspondant au développement de la sensibilisation. Les allergènes les plus souvent en cause sont les farines (27 %) (boulangeries, industries agro-alimentaires), les persulfates alcalins (17 %) utilisés en coiffure, les protéines de latex (13 %) (professionnels de santé...), les acariens (12 %) (nombreux secteurs), les aldéhydes (6 %) (industries textiles, du caoutchouc, chimique et pharmaceutique...), les ammoniums quaternaires (5,8 %) contenus dans les détergents, conservateurs..., les poussières de bois (4 %). « Les centres anti-poison et l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) disposent de fiches de poste ou de fiches produit pouvant faciliter l’enquête allergologique », a signalé le Pr de Gabory. L’âge médian de début de la rhinite allergique est de 25 ans chez les coiffeurs, 27 ans chez les boulangers, 31 ans chez les charpentiers et ébénistes, 35 ans chez les pharmaciens et professionnels de santé. Les allergènes de haut poids moléculaire : farines de céréales, souris et rats de laboratoire, latex, plantes et moisissures, crustacés et poissons, enzymes exposent à un risque multiplié par près de 5 d’asthme en cas de rhinite allergique (en moyenne délai de 2,8 ans entre les 2 maladies). Ces allergènes peuvent être facilement diagnostiqués avec des tests cutanés commercialisés (farines, latex, petits animaux...), ce qui n’est pas le cas pour de nombreux allergènes de faible poids moléculaire : persulfates, poussières de bois, produits de nettoyage et chimiques pour lesquels les dosages d’IgE spécifiques sont, de plus, limités... Le diagnostic repose avant tout sur l’histoire clinique...
rhinite rythmée par le travail. Il sera complété par un examen ORL, pour éliminer un autre diagnostic différentiel, les symptômes (éternuements, prurit nasal, rhinorrhée, obstruction nasale, perte d’odorat) étant non spécifiques. Une consultation pneumologique est également habituelle pour rechercher une hyperréactivité bronchique ou un asthme. On demandera aussi des pricks tests, un dosage des IgE spécifiques. Le test de provocation nasale sera réalisé, en milieu spécialisé, dans les cas difficiles, en l’absence de contre-indication. Peu de moyens préventifs Comment prévenir ces rhinites ? « Le code du travail ne permet pas de réserver des postes spécifiques aux personnes atopiques dans un but de prévention primaire », a admis le Pr de Gabory. Mais, les systèmes d’aspiration devront être fonctionnels sur le lieu de travail, et les industriels devront envisager des protocoles de fabrication limitant la production de substances allergéniques. Il est essentiel de se mettre en relation avec le médecin du travail, qui pourra décider d’un aménagement voire d’un changement de poste ou même d’un reclassement du travailleur, si les mesures de nettoyage, d’aspiration s’avèrent insuffisantes. Les traitements médicamenteux sont les mêmes que dans les rhinites allergiques non professionnelles et pourront être associés à un lavage du nez pour limiter le contact avec l’allergène. « Ces maladies professionnelles doivent être déclarées », a insisté le Pr de Gabory. On se référera pour le régime général au tableau 66, et pour le régime agricole au tableau 45. Pour le tableau 45, la liste des allergènes est indicative mais elle est limitative pour le tableau 66. Si l’allergène en cause n’y figure pas, l’avis d’une commission devra donc être sollicité pour obtenir une reconnaissance professionnelle.
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