Des médecins américains alertent sur l’existence de thromboses artérielles et veineuses liées au nouveau coronavirus, de traitement difficile, à l’origine parfois d’amputation. Des médecins américains soulignent l’existence d’une nouvelle manifestation de l’infection au Sars-CoV-2 : un effet thrombotique avec la formation de caillots à la fois artériels (rénaux, coronariens, des membres, AVC) et veineux (phlébites, embolies pulmonaires). Tous ces scénarios ont été observés chez des malades du Covid-19 qui n'avaient de facteur de risque. Dans son service de NYU Langone, Shari Brosnahan, médecin réanimatrice spécialiste des poumons, affirme cependant à l'AFP que c'est encore rare. Mais le nombre de thromboses veineuses a plus que doublé pendant la pandémie chez ses malades en état critique. La jeunesse relative de certains patients est une surprise. Shari Brosnahan a actuellement deux quadragénaires en réanimation, dont l'un risque de perdre une main et l'autre, les quatre membres. L'héparine n’est pas toujours efficace et est à l’origine d’hémorragies parfois majeures. « Cette coagulation ne ressemble pas à la coagulation habituelle », détaille la médecin. Beaucoup présentent des « microcaillots, dit-elle, jusque dans les capillaires ». A l'hôpital pour anciens combattants de New York, Cecilia Mirant-Borde, médecin réanimatrice depuis 25 ans, souligne que la quasi-totalité des patients de son service sont traités avec des anticoagulants. Elle explique à l'AFP avoir découvert d'innombrables microcaillots dans les poumons, ce qui pourrait expliquer, en partie, la difficulté à traiter les affections pulmonaires des patients mis sous ventilation assistée.
D'abord en Chine, puis en Europe, et maintenant aux Etats-Unis, les médecins apprennent sur le tas et tentent de documenter le phénomène. « J'ai vu des centaines de cas de caillots dans ma carrière, mais je n'avais jamais vu autant de cas anormaux extrêmes », dit à l'AFP Behnood Bikdeli, spécialiste en médecine interne au centre médical universitaire de Columbia. Il a participé à une collaboration internationale de 36 experts qui ont récemment publié leurs recommandations dans le Journal of the American College of Cardiology. Les spécialistes évoquent plusiuers hypothèses pour expliquer ce phénomène. Peut-être est-ce dû aux antécédents cardiovasculaires ou pulmonaires de nombreux patients, ou encore à la flambée inflammatoire associée à la maladie. « Toute maladie aiguë, en elle-même, prédispose à la création de caillots », dit aussi tout simplement Behnood Bikdeli. Enfin, le coronavirus pourrait agir directement sur la coagulation. Mais à ce stade, rien n'est prouvé. Shari Brosnahan, elle, n'est qu'à moitié étonnée. « Les virus font souvent des choses étranges », dit la médecin, en rappelant que le virus de la mononucléose (Epstein-Barr) a été associé à la leucémie, ou le virus HPV au cancer du col de l'utérus. « On est juste en train de découvrir les choses étranges que ce virus produit ». La diversité des complications du Covid-19 peut sembler déroutante, mais la recherche sur le ou les mécanismes profonds n'est commencée que depuis quatre mois. « Il est possible que tout soit causé par une chose unique, et qu'une solution unique existe », imagine Shari Brosnahan.
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